10:23 - Samedi 20 avril, 2024

- 11. Shawwāl 1445

La fin d’une période


Le mois dernier, nous avions relaté l’essentiel du récit relatif à l’émigration du Prophète, paix et salut sur lui, et de ses compagnons. Se faisant, par la grâce de Dieu, nous achevions la première partie de notre voyage aux origines de l’Islam. Mais avant d’ouvrir la page suivante, il est intéressant de nous arrêter sur quelques aspects de ce récit.

Sacrifices

En premier lieu, nous retiendrons le sacrifice des premiers musulmans pour la cause de l’Islam. Ces hommes et ces femmes qui ont tout laissé derrière eux : leur patrie, leurs biens, parfois leur famille, afin d’atteindre Médine et d’y pratiquer librement leur religion. Ainsi, aucun sacrifice n’est trop grand pour préserver sa foi lorsque celle-ci se trouve menacée. De plus, à travers l’engagement de ces hommes et de ces femmes, nous voyons aussi que la cause de l’Islam n’a pas reposé sur les seules épaules du Messager de Dieu, paix et salut sur lui, mais que ceux qui l’entouraient se sont pleinement investis à ses côtés pour soutenir sa mission. Il incombe donc à chaque musulman, dans la mesure de sa capacité bien sûr, de soutenir la cause de Dieu. Nous ne pouvons pas nous décharger de cette tâche en l’abandonnant aux seuls savants ou aux seuls détenteurs de l’autorité religieuse.

Fraternité

La hijra est aussi l’occasion de nous rappeler au travers de l’exemple des Ansars qui ont accueillis les Émigrants [al Mouhajiroun], que la fraternité en Islam n’est pas juste un slogan mais un fondement qui doit se vivre et non se limiter à de simples mots. Les croyants ne sont que des frères. Établissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin que l’on vous fasse miséricorde [49;10]. Le Prophète r n’avait de cesse de rappeler cette fraternité et les hadiths en ce sens sont nombreux. Il disait notamment que nul ne sera [véritable] croyant tant qu’il n’aimera pour son frère ce qu’il aime pour lui-même [Al Boukhari & Mouslim]. Il nous a aussi informés que le croyant ne peut boycotter son frère plus de trois jours. Si cela devait arriver, alors leur prière ne sera pas agréée auprès du Très Haut jusqu’à ce qu’ils se réconcilient, le meilleur d’entre eux étant celui qui fait le premier pas vers l’autre en lui passant le salam [Al Boukhari & Mouslim]. Les conflits font partis des relations humaines et le Coran n’a pas cherché à nier cet état de fait. Toutefois, cela ne doit jamais nous faire oublier la sacralité du lien qui unit les croyants. Ainsi, pour ne pas s’étaler en vains discours, commençons en ce qui nous concerne à ne pas nous regarder les uns les autres avec mépris, à ne pas nous stigmatiser ou encore à fuir la mosquée au moindre problème pour finir par prier seul chez soi ou dans une autre mosquée. Dans ce dernier cas, une telle attitude ne règle pas les problèmes au contraire, souvent elles les empirent. Il est toujours plus facile par exemple de médire ou de calomnier quelqu’un que l’on ne voit jamais plutôt qu’une personne avec laquelle nous avons certes un désaccord, mais avec qui nous prions chaque jour et que nous nous efforçons tout de même de saluer.

Amour

Nous retiendrons enfin, à travers l’exemple d’Ali et d’Abou Bakr, l’amour que portaient les compagnons au Prophète, paix et salut sur lui. Ali accepta de faire diversion en prenant place dans le lit du Prophète, paix et salut sur lui, tandis que ses ennemis s’apprêtaient à entrer chez lui afin de l’assassiner dans son sommeil. Quant à Abou Bakr, il mit toute son énergie et toute sa fortune au service du Messager de Dieu, paix et salut sur lui. Ce fut encore lui qui entra le premier dans la grotte d’al Thawr afin d’y inspecter les lieux, préférant exposer sa propre personne au danger, risquant de se retrouver face à un serpent ou à une bête féroce. De même qu’il se fit piquer par un scorpion dans cette même grotte et qu’il intériorisa sa douleur de crainte de réveiller le Messager, paix et salut sur lui. Ce dévouement, cette sincérité, ne sont que l’expression de cet amour. Ces récits ne sont pas destinés à nous faire rêver, ni à nous auto-flageller pour la faiblesse de notre foi : ce n’est pas pareil, ce sont les compagnons ! dit-on souvent. Les compagnons étaient avant tout des êtres humains même si Dieu en effet, les a honorés au dessus de nous. Chacun donc devrait travailler sa foi afin que rien ne soit plus cher à son cœur que le Messager de Dieu, paix et salut sur lui. Et nous savons bien que nous en sommes encore loin, sauf celui à qui Dieu a fait miséricorde.

Et Allah sait mieux !


Rubrique: La vie du Prophète (psl)