1:37 - Samedi 27 avril, 2024

- 17. Shawwāl 1445

Zacharie & Jean-Baptiste [Zakariya & Yahya]


Ibn Wahb rapporte que le Prophète Mohammad, paix et bénédictions sur lui, trouva un jour un groupe de ses compagnons en train d’évoquer les mérites des prophètes : Moïse est l’interlocuteur d’Allah, dit l’un d’eux, Jésus est le verbe d’Allah, reprit un deuxième, Abraham est l’ami intime d’Allah, surenchérit un dernier. Le Prophète, paix et salut sur lui, intervint alors et leur demanda : Et qu’en est-il du martyr fils du martyr qui s’habillait de vêtements en poils de chameau et mangeait des feuilles d’arbre de peur de tomber dans le péché !, faisant par là allusion à Jean et à son père Zacharie.

Le Coran évoque en plusieurs endroits, la belle invocation de Zacharie : Kaf, Ha, Ya, Ain, Sad. C’est un récit de la miséricorde de ton Seigneur envers Son serviteur Zacharie. Lorsqu’il invoqua son Seigneur d’une invocation secrète, et dit : ô mon Dieu, mes os se sont affaiblis et ma tête s’est couverte de cheveux blancs. [Cependant], je n’ai jamais été malheureux [déçu] en te priant, O mon Dieu. Je crains [le comportement] de mes héritiers, après moi. Et ma propre femme est stérile. Accorde-moi, de Ta part, un descendant qui hérite de moi et hérite de la famille de Jacob. Et fais qu’il te soit agréable, O mon Dieu. [19;1-6].

Zacharie fut l’un des prophètes des fils d’Israël et l’un des préposés à la garde du Temple [Bayt al maqdis]. Il vivait du travail de ses mains : il était menuisier [Mouslim]. Sa femme était stérile. Zacharie vieillit donc, sans enfant à ses côtés. Il vécut dans une période des plus troubles, sur les plans politique et religieux, puisque la région avait été envahie, et mise sous protectorat romain. Sentant sa fin proche, Zacharie se demandait qui après lui, poursuivrait sa prédication, et qui pourrait faire office de guide spirituel pour son peuple. Tel était le souci des prophètes et des vertueux à la veille de leur mort.

A chaque fois, qu’il allait visiter la jeune Marie dont il était le tuteur il trouvait auprès d’elle des fruits hors saison. Il l’interrogea, un jour, sur la provenance de ces fruits. Celle-ci lui répondit simplement : Cela me vient d’Allah. Il accorde ses dons à qui Il veut, sans compter [3;37], signifiant qu’il s’agissait là d’un don miraculeux [karama]. Touché par ce rappel, émanant, qui plus est, d’une enfant, Zacharie, le prophète, partit s’isoler au cœur du sanctuaire pour formuler sa prière. Le Coran qualifie son invocation de discrète, et dit dans un autre verset au sujet de Zacharie et de son épouse : ils concourraient au bien, nous invoquaient par amour et par crainte, et étaient humbles devant nous [21;90]. Par l’expression « qui hérite de moi », Zacharie entendait l’héritage spirituel et non matériel, puisque les prophètes ne laissent pas de biens en héritage mais seulement la guidée : il désirait un enfant qui lui succède dans son rôle de guide et de prédicateur. Soulignons enfin le fait que Zacharie ait demandé un enfant qui soit agréable à Allah, cherchant la satisfaction de Son Seigneur avant la sienne, ou se satisfaisant plutôt de ce qui satisferait son Seigneur.

Les Anges appelèrent alors Zacharie pour lui annoncer la guérison de sa femme, et la naissance prochaine d’un garçon, qu’il devrait nommer Yahya [Jean]. On rapporte qu’il était alors âgé de 77 ans, ou plus encore ! Il fut donc le premier étonné de cette nouvelle. Mais pour Allah qui nous a créés du néant, cela est chose aisée à réaliser. A travers ce miracle [mou’jizah], Allah voulait inciter les gens à avoir confiance en Lui, à ne pas désespérer de Sa Bonté, à redoubler d’effort dans leurs invocations, et c’était enfin une manifestation de l’agrément Divin à l’endroit de Zacharie, afin de conforter ses partisans et de faire taire ses détracteurs.

Quelques mois plus tard, naquit Jean, fruit d’une belle invocation, et d’une belle patience. Allah dit à son sujet : Nous lui donnâmes la sagesse alors qu’il était enfant, ainsi que la tendresse de Notre part et la pureté. Il était pieux, et dévoué envers ses parents ; et ne fut ni violent ni désobéissant. Que la paix soit sur lui le jour où il naquit, le jour où il mourut, et le jour  où il sera ramené à la vie ! [19;12-15].  Ainsi Allah l’a-t-Il comblé de vertus, et l’a-t-Il rassuré au sujet des trois grands moments qui inspirent la crainte des gens : la naissance, la mort, et la résurrection. Ces trois instants où l’homme quitte la demeure dans laquelle il vit, et à laquelle il s’est habitué, pour découvrir un monde nouveau et inconnu.

Comme l’avait souhaité son père, Jean fut un guide pour son peuple, et un prédicateur vertueux.

Son père et lui, furent au nombre des prophètes assassinés. On rapporte en effet, que Zacharie aurait été accusé à tort d’avoir commis un crime, et qu’il fut pour cela scié !! Quant à Jean, c’est une reine de la région qui, pour une raison incertaine, a demandé à ce que sa tête lui soit amenée. Que la paix soit sur ces deux prophètes martyrs !

Et Allah sait mieux !


Rubrique: Les histoires des prophètes