4:22 - Jeudi 18 avril, 2024

- 9. Shawwāl 1445

Vers une bonne compréhension (2)


Lors de notre article précédent (février 2015), nous avons traité du cheminement du croyant voulant parvenir à une compréhension juste du Coran et de la Sounnah. Celui-ci devait chercher à se débarrasser de la passion pour arriver à la sincérité et s’affranchir du fanatisme pour devenir indépendant intellectuellement tout en étant objectif et en analysant les propos plutôt que de se focaliser sur celui qui les transmet. Nous allons désormais nous pencher sur les dernières qualités à développer pour parvenir à cette compréhension juste.

S’affranchir de l’orgueil et faire preuve d’humilité

L’orgueil se révèle être un obstacle à la vérité. En effet, le Prophète (paix et salut sur lui)  a expliqué que l’orgueil est le rejet de la vérité et le fait de mépriser autrui [Mouslim]. Mais encore, l’orgueil détourne de la vérité et de la science. C’est ainsi que Dieu nous met en garde contre cette attitude :J’écarterai de Mes signes ceux qui, sans raison, s’enflent d’orgueil sur terre. Même s’ils voient tous les signes, ils n’y croient pas. Et s’ils voient la bonne voie, ils ne l’empruntent pas, mais s’ils voient le mauvais chemin, ils s’y engagent. C’est qu’en vérité ils traitent de mensonge Nos signes et y sont inattentifs[7;146]. La conséquence dévastatrice de l’orgueil est donc le fait qu’en réponse à cette attitude néfaste, Dieu hôte le discernement à l’orgueilleux, qui ne profite donc pas des leçons et des signes. Dieu le prive de la compréhension du Coran, et l’écarte de Ses signes. L’orgueilleux se trouvera dans l’incapacité à prendre le bon chemin qui est celui de la réussite et de la vérité. En outre, Moudjahid a dit : La personne trop réservée et celle trop orgueilleuse n’acquerront jamais le savoir (véritable).

À l’inverse, le croyant humble et modeste est donc, celui qui accepte la vérité quelle qu’elle soit et d’où qu’elle provienne. Il est à l’écoute de qui est en apparence moins savant que lui, plus jeune ou moins célèbre. Ainsi avons-nous l’exemple du prophète Soulayman qui reçut le savoir d’un modeste oiseau qui lui dit : Je sais ce que tu ignores… [27;22].

C’est aussi arriver à revoir ses positions et à reconnaître ses erreurs. En effet, combien de grands savants sont revenus sur leur position dès lors qu’ils s’apercevaient qu’ils avaient commis une erreur. Ce fut le cas d’un grand mouhaddith Abd Al Rahman Ibn Mahdi qui, lorsqu’on lui posa une question de fiqh, se rendit compte qu’il avait fait une erreur et déclara avec courage et objectivité : je reviens sur mon avis et me fais petit : être le dernier dans la vérité m’est préférable que d’être le leader dans l’erreur.

La méthodologie au service de la compréhension juste

La quête d’une compréhension juste des Textes doit passer par l’acquisition d’une certaine méthodologie. Dans un premier temps, pour s’assurer d’une bonne compréhension, il est nécessaire de regrouper tous les Textes portant sur un même sujet. Certains mouvements religieux ont commis l’erreur de ne pas suivre ce principe et ont été amenés à nier une partie des Textes tels que les Mou’tazilites qui ont contesté la prédestinée ou encore les Jabarites qui ont omis la question du libre-arbitre.

Il faut ensuite, avoir en vue, que la religion est elle-même parfaite : Le faux ne l’atteint [d'aucune part], ni par devant ni par derrière : c’est une révélation émanant d’un Sage, Digne de louange [41;42] et que tous les aspects de la vie sont traités par Sa Législation.

Par ailleurs, le fait de ne pas comprendre un détail ne devrait pas nous autoriser à remettre en cause la religion. Dieu s’est réservé une partie du savoir telle que la question de l’âme : Et ils t’interrogent au sujet de l’âme, – Dis : l’âme relève de l’Ordre de mon Seigneur. Et on ne vous a donné qu’un savoir limité [17;85]. En effet, Dieu a choisi de donner à l’être humain le savoir dont il avait besoin sur terre.

De plus, il faut aussi, partir du principe que les prescriptions se soutiennent et se complètent et ne peuvent pas se contredire. Alors en cas de contradictions apparentes concernant les sujets secondaires, certaines règles d’analyse sont à suivre dans le cas où il paraît impossible de concilier les textes : il faut savoir que l’authentique l’emportera sur le faible, que plusieurs hadiths authentiques vont l’emporter sur un seul hadith, que le hadith au sens clair va l’emporter sur le hadith au sens ambigu et ce qui est appuyé par le Coran l’emportera sur ce qui ne l’est pas.

Pour conclure, la quête d’une compréhension juste fait appel à deux domaines : le domaine des qualités du cœur et le domaine de la méthodologie. Le croyant qui opte pour le chemin de la vérité doit faire cet effort d’introspection permanente pour atteindre ces qualités et si la méthodologie peut paraître difficile à acquérir du fait qu’elle induise une maîtrise des connaissances, il ne faut pas hésiter à recourir aux gens du savoir et profiter de l’expérience de ceux qui nous ont précédés. Omar Ibn Al Khattab, conscient de ses responsabilités vis-à-vis de sa communauté, prenait son temps avant de donner son opinion sur un sujet et n’hésitait pas à réunir les gens du savoir.


Rubrique: Talbis Iblis