7:43 - Vendredi 11 octobre, 2024

- 7. Rabīʿ al-Ākhir 1446

Rechercher le savoir


Le mérite du savoir. Allah le Très Haut dit au sujet de Joseph : Et quand il eut atteint sa maturité Nous lui accordâmes sagesse et savoir. C’est ainsi que nous récompensons les bienfaisants [12;22],  faisant ainsi du savoir un bienfait récompensant le bon comportement. Il distingua par cette grâce les prophètes : Et Lot ! Nous lui avons apporté la capacité de juger et le savoir [74], et David et Salomon, à chacun Nous donnâmes la faculté de juger et le savoir [21;79]. Il qualifia la naissance d’Isaac de bonne nouvelle, car il serait un garçon plein de savoir [15;53]. Quant aux versets du Coran, Il a choisi de les préserver dans les poitrines de ceux à qui le savoir a été donné [29;49]. Il a de plus précisé qu’Il élèvera en degrés ceux des vôtres qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir [58;11]. Pour ce qui est de l’exhortation de ceux auxquels Il a donné le Livre, la Compréhension et la Prophétie elle devrait être : Devenez des savants, obéissant au Seigneur, puisque vous enseignez le Livre et vous l’étudiez [3;79]. Enfin, et après avoir cité nombre de preuves de son Existence, visibles par tous dans la création, Il affirme que parmi Ses serviteurs, seuls les savants Le craignent véritablement [28;35]. De tout cela il résulte que le mérite du savant par rapport à celui du simple dévot est comme celui du Prophète, paix et salut sur lui, par rapport au dernier de ses compagnons, comme le stipule un hadith authentique [Al Tirmidhi].

Le savoir bénéfique n’est pas seulement religieux. Toute connaissance bénéfique à la vie des hommes, qu’elle soit religieuse ou non, est un bienfait Divin. Le savoir accordé à Joseph consistait en la capacité d’interpréter véritablement les rêves et en celle de gérer l’économie de l’Etat ; David savait communiquer avec le monde animal, et confectionner à la perfection les cottes de mailles [21;80] ; et Salomon savait maîtriser le vent et domestiquer des créatures redoutables[38;36-37]. Les savants qui Le craignent réellement sont, selon le contexte du verset précédemment cité [28;35], ceux qui connaissent les sciences naturelles et qui ont beaucoup observé la nature. Donc, tout savoir, qu’il soit un pur don Divin, comme dans le cas des prophètes, ou qu’il s’acquiert par l’étude, comme dans le cas des scientifiques, et qui permet de mieux vivre sa foi, et de ressentir plus de crainte vis-à-vis d’Allah ; est un savoir bénéfique que nous devons chercher à acquérir. Le Prophète, paix et salut sur lui, demandait d’ailleurs à Allah le don d’un tel savoir dans les prières qu’il formulait après la prière du matin [Ibn Majah, Sahihاللهم إني أسألك علماً نافيا -- Allahouma inni as’alouka ‘ilman naafiya]

Chercher la connaissance bénéfique est un devoir. C’est à ce titre, que l’Envoyé d’Allah, paix et salut sur lui, nous annonce qu’à celui qui empruntera une voie à la recherche d’un tel savoir, Allah facilitera un chemin vers le Paradis [Mouslim] et que les Anges abaissent leurs ailes [en signe d’humilité] devant celui qui cherche le savoir [Al Shab al Sounan, auth. Ibn Hibban et al Hakim]. A ce sujet, Ibn Abd al Barr rapporte d’Ali qu’il a dit en substance : Le savoir est l’objectif du croyant, recherchez-le auprès de qui le possède, quelle que soit sa religion, fusse-t-il musulman ou non-musulmanPrécisons que le savoir dont il est question ici est en revanche profane uniquement car la connaissance d’Allah et de la religion ne peut être recherchée qu’auprès de ceux qui ont cru et qui suivent la voie du dernier Prophète, paix et salut sur lui.

Le savoir obligatoire au niveau communautaire est une somme de connaissances qui doit être acquise par certains musulmans, et que tous n’ont pas l’obligation de connaître. Entrent dans cette catégorie, nombre de disciplines profanes, ainsi que certaines sciences religieuses. Si par exemple dans une mosquée il y a deux ou trois personnes qui ont mémorisé le Coran et qui maîtrisent au moins l’une de ses lectures, le reste de la communauté est déchargé de cette obligation. Si dans une ville il y a deux ou trois juristes [fouqaha] maîtrisant le droit musulman et capables d’éclairer les gens, cela est suffisant. En revanche, si personne n’est capable d’assumer cette fonction, c’est toute la communauté qui est fautive : Les croyants n’ont pas à quitter tous leurs foyers. Pourquoi de chaque clan quelques hommes ne viendraient-ils pas s’instruire dans la religion, pour pouvoir à leur retour, avertir leur peuple afin qu’ils soient sur leur garde [9;122].

Le savoir obligatoire pour tous est purement religieux. Al Ghazaly décompose celui-ci en trois parties. Premièrement, la connaissance des piliers de la foi, donc des preuves de l’Existence d’Allah, de ses Attributs, de l’histoire des prophètes cités dans le Coran, de ce qu’il se passe après la mort, du déroulement général de la Résurrection et du Jugement ; et de la description globale du Paradis et de l’Enfer. Deuxièmement, la connaissance des œuvres du cœur : c’est-à-dire, ce qui est demandé et ce qui est interdit en matière de comportements et de sentiments, comme l’importance de la sincérité et le rejet de l’orgueil et du mensonge, par exemple. Enfin, le minimum  de jurisprudence nécessaire à l’exercice du culte : savoir faire correctement ses ablutions avec ou sans eau, pour se purifier de la grande et de la petite impureté ; savoir faire ses prières conformément à la pratique prophétique, quand marquer des temps d’arrêt, comment les rattraper lorsqu’on arrive en retard, comment les réparer lorsqu’on se trompe, savoir quand et comment il est permis de les regrouper ou de les raccourcir ; savoir comment calculer la zakat sur les biens que l’on possède, à quel moment la sortir, et à qui la donner, comment jeûner le Ramadan, et comment accomplir le pèlerinage selon l’un des trois rites établis dès lors que l’on s’apprête à l’accomplir. Après cela Ibn al Jawzy ajoute pour sa part que la science la plus utile est celle acquise par la méditation sur l’exemple du Prophète et de ses compagnons : Voilà ceux qu’Allah a guidé : Suis donc leur direction [6;90].

Et Allah seul sait…


Rubrique: Bien comprendre l'Islam