7:16 - Vendredi 11 octobre, 2024

- 7. Rabīʿ al-Ākhir 1446

Organiser sa vie


Allah le Très Haut nous rappelle la brièveté de notre passage sur Terre : Il dira [le Jour du Jugement Dernier] : Combien d’années avez-vous vécu sur la Terre ? * Ils répondront : Nous y avons demeuré une journée, ou moins d’un jour, interroge donc ceux qui comptent. * Il dira: “Vous n’y avez demeuré que peu [de temps], si seulement vous saviez [23;112 à 114].Puis, Il nous interrogera : Pensiez-vous que Nous vous avions créés sans but, et que vous n’auriez jamais à comparaître de nouveau devant Nous ? [115]. Or l’Islam est venu rappeler à l’homme le sens de son passage sur Terre : Je n’ai créé les génies et les hommes que pour qu’ils M’adorent [51;56] et c’est Lui qui créa la mort et la vie afin de vous mettre à l’épreuve : lequel des vôtres agira-t-il le mieux ? Et c’est Lui le Puissant, le Pardonneur [67;2]. L’Islam a fixé aux croyants un objectif : Ô croyants ! Craignez Allah, cherchez à être le plus proche de Lui… [5;35], Et concourez au pardon de votre Seigneur, et à un Jardin (paradis) large comme les cieux et la terre, préparé pour les pieux [3;133]. Enfin, l’Islam nous a proposé un modèle à suivre dans la vie des prophètes : Voilà ceux qu’Allah a guidés, suis donc leur direction [6;90], et particulièrement dans celle de Mohammad (paix et salut sur lui) : vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah abondamment [33;21]. Or, les prophètes étaient dévoués à Allah, corps et âmes : Dis : en vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort sont voués à Allah, Seigneur de l’univers. A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre [6;162-163]. Cela ne les empêchait pourtant pas de vivre leur vie mondaine comme en témoigne la critique de leurs détracteurs : Qu’est-ce donc que ce Messager qui consomme de la nourriture et circule dans les marchés [25;7]. De nombreux textes évoquent enfin, le fait que les prophètes travaillaient pour gagner leur vie et nourrir leurs familles : Zakariya était menuisier [Mouslim] etc.

Pleinement conscient de tout cela, le savant Abou-l-Faraj, Ibn al Jawzi, dit à son fils, tout en l’exhortant : disons que l’on nous a imparti une soixantaine d’années à vivre, constate que tu as consacré trente années de celle-ci au sommeil, quinze années à l’enfance et à l’adolescence, et lorsque tu fais le compte de ce qu’il te reste à vivre, tu t’apercevras qu’une très grande partie est consacrée aux loisirs, à se nourrir et à rechercher les biens matériels, ce qui est, rappelons-le, une nécessité de la vie sur Terre et qui n’est pas un mal en soit, tant que l’on ne commet pas d’excès. Ibn al Jawzy continue : Lorsque tu en extraits ce que tu as consacré pour l’au-delà, tu t’apercevras qu’une partie de tes actes n’est autre, pour la plupart, que des actes d’hypocrisie et d’inconscience. Donc, interroge-t-il son fils, avec quoi vas-tu acheter la vie éternelle ?

Nous avons tous des contraintes mondaines, tel le sommeil, le travail, l’école, les courses, les repas ; et nous avons aussi un besoin naturel à nous distraire dans ce qui est licite, comme le disait le compagnon Abou al Darda : Ravivez vos âmes par quelques légèretés, afin que celles-ci l’aident à mieux servir la vérité. Même si tout cela peut devenir adoration, par la grâce d’Allah et par Sa générosité, et peut être mis dans la balance de nos bonnes œuvres, si l’intention qui motive ces actes est bonne, et que l’on n’exagère pas ; il convient d’employer le peu de temps libre qui nous reste aux œuvres de l’au-delà, celles qui n’ont d’autres objectifs que de satisfaire Allah.

Il est donc primordial pour nous, musulmans, sachant tout cela, de planifier nos vies, nos années, nos mois nos semaines, et nos journées afin de ne pas laisser filer le temps, négligeant de cultiver le champ de l’au-delà et nous exposant aux regrets au Jour où les œuvres seront pesées : lorsque la mort vient à l’un deux, il dit : Mon Seigneur ! Fais-moi revenir [sur Terre], * afin que je fasse du bien dans ce que je délaissais. Non, c’est simplement une parole qu’il dit. Derrière eux, cependant, il y a une barrière, jusqu’au jour où ils seront ressuscités [23;99-100]. L’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui)nous oriente : Le sage est celui qui se demande des comptes à lui-même et qui agit en vue de ce qui vient après la mort, tandis que l’incapable est celui qui se laisse guider par ses passions tout en nourrissant au sujet d’Allah de vains espoirs. [Al Tirmidhi].

Chacun d’entre nous, devrait donc élaborer un programme personnel : un programme d’invocations quotidiennes, qu’il puise dans les recueils de prières prophétiques et dans le Coran, tel le Mathourat, et qu’il prend l’habitude de réciter matin et soir ; un programme de lecture quotidienne de quelques pages fixées du Coran, cinq ou dix pages, qu’il lira dans les transports ou en attendant les prières à la mosquée, afin de terminer la lecture du Coran, chaque mois ou chaque deux mois ou au moins deux fois par an ; un programme hebdomadaire de mémorisation de quelques versets du Coran, d’une demi-page, ou moins, d’une page ou de deux, afin pourquoi pas, Si Allah le veut, de terminer la mémorisation du Livre Divin après dix, quinze, vingt ou trente ans, car rien n’est impossible à qui s’en donne les moyens et sollicite l’aide d’Allah ; un programme d’apprentissage de la langue arabe, de la jurisprudence, du hadith, et des sciences de la religion même étalé sur plusieurs années, lui donnant une bonne compréhension globale de la religion et le mettant à l’abris des imposteurs, des rigoristes et des ignorants parlant au nom de la religion ; un programme d’œuvres pieuses, en veillant la nuit une demi-heure, une heure ou plus en prières, avant de rejoindre la mosquée pour le fajr, ne serait-ce qu’une fois par semaine ou par mois, ou par an, à l’occasion de laïlat-al-qadr ; ou en jeûnant en plus de Ramadhan trois jours par mois, ou un jour par semaine, ou au moins les jours d’Achoura et d’Arafat ; un programme social, de fréquentation quotidienne de la mosquée, de participation à la vie de la communauté de sa ville, de son pays ou de sa région ; un programme social de visites régulières à ses proches parents, chaque mois, chaque deux mois ou chaque année ; un programme de visite aux malades, de visite des carrés musulmans dans les cimetières, de participation aux tâches d’entretien de la mosquée, d’aide aux démunis, pour ne pas qu’une année ou un semestre s’écoule, sans que nous n’ayons pris part de près ou de loin, à ce genre d’actions ; un programme sportif également, car la purification de l’âme passe par l’entretien du corps, qu’Allah a mis à notre disposition, parce que le croyant fort est meilleur et plus aimé d’Allah que le croyant faible, même si dans les deux il y a du bien [Mouslim], et parce que la bonne santé du corps aide à adorer Allah ; un programme culturel de recherche de tout savoir, scientifique, historique, politique et autres, pouvant nous aider à mieux comprendre notre religion, à mieux l’expliquer à ceux qui cherchent à la connaitre et à mieux la défendre face à ses critiques acerbes, car le croyant recherche sans cesse la sagesse et s’en empare où qu’il la trouve ; un programme humanitaire, en essayant de participer à une œuvre de développement durable, comme la construction d’un puits, d’une route, d’une mosquée ou d’une madrassa, ou comme le parrainage d’un orphelin : Et quiconque fait cela, cherchant à plaire à Allah, à celui-là Nous donnerons bientôt une récompense énorme [4;114]. Ainsi organisés à l’échelle individuelle, peut être serons-nous de ceux qui quitteront cette Terre heureux et sans regret, incha Allah.

La réussite ne provient que de Lui et Il sait mieux !


Rubrique: Bien comprendre l'Islam