17:15 - Vendredi 26 avril, 2024

- 17. Shawwāl 1445

Omar Ibn Al Khattab (2)


Bien que s’étant converti relativement tard par rapport à d’autres compagnons – parmi lesquels ses propres frère et sœur, Zayd et Fatima – Omar n’eut de cesse de chercher tous les moyens possibles pour rattraper son retard et réparer les erreurs commises durant les cinq premières années de la Révélation.

Omar, qui, hier persécutait les nouveaux convertis, était devenu un partisan assumé, appelant les siens à la foi en Dieu et en Son Messager.

Lorsque l’exode (hijra) fut prescrit, comme au moment de sa conversion, Omar répugna l’idée de devoir fuir en se cachant, il préféra annoncer publiquement son départ et défia quiconque de l’en empêcher. Personne ne tenta de s’interposer.

Omar sera de tous les évènements, répondant toujours présent à l’appel de Dieu et de Son Messager. Il est établi qu’Omar était un homme de grande lucidité et très sagace. Cela lui valut d’ailleurs d’être surnommé « le génie » [al abqari] par l’Envoyé de Dieu (saws). Les exégètes rapportent qu’à au moins quatre reprises Omar anticipa des prescriptions qui allaient être révélées, notamment en ce qui concerne la prohibition de l’alcool ou la prescription du hijab des femmes du Prophète (saws)

Pour autant, nul n’est infaillible après l’Envoyé de Dieu (saws). La sira retient au moins deux erreurs d’appréciation de notre compagnon. La première se déroula à l’issu du pacte d’Al Houdaybiya, au cours duquel le Prophète (saws) fit plusieurs concessions à ses adversaires de Quraysh, représentés en la personne de Souhayl Ibn Amr. Le Prophète (saws) et ses compagnons devaient ainsi renoncer à la Omra, qu’ils étaient pourtant venus accomplir cette année-là ; ils devraient de plus renvoyer tout converti qui aurait fui La Mecque et rejoint Médine sans le consentement de sa famille, sans pour autant pouvoir réclamer l’inverse : l’extradition de musulmans qui auraient fait marche arrière pour retourner à La Mecque. Omar n’était pas d’accord avec ce qu’il estimait être l’ijtihad du Prophète (saws). Déçu, il tardera, comme le reste des musulmans à obéir à la directive du Prophète (saws) de sacrifier les offrandes. Il comprendra cependant bien vite que cette humiliation apparente allait finalement s’avérer être une grande victoire pour la foi. Omar n’aura de cesse de donner des aumônes et de jeûner pour expier son jugement trop hâtif et sa précipitation.

Le second évènement eut lieu au moment du décès du Prophète (saws). Pris d’une très vive émotion qui le poussa d’abord à nier l’évidence, Omar s’écria : « Le Prophète n’est pas mort,Dieu l’a simplement convoqué pour un entretien comme Il l’a fait avec Moïse ». Abou Bakr intervint alors pour le ramener à lui en rappelant cette évidence : « Quiconque adorait Mohammad doit savoir qu’il est mort. Quant à celui qui adore Dieu, qu’il sache que Dieu est Vivant et ne mourra jamais ».

Omar fut le premier à proposer aux musulmans Abou Bakr pour succéder au Prophète (saws) dans la charge de gouverner la communauté musulmane. Il fut le premier à lui donner l’allégeance. Il sera également l’instigateur et l’initiateur du projet de compilation du Coran qui permettra sa sauvegarde éternelle. Pour cela, il mérite certes, la reconnaissance de toutes les générations musulmanes qui ont pu connaître la parole de leur Seigneur consignée dans les Masahif.

Avant de mourir, Abou Bakr réunit les plus grands compagnons, notamment ceux qui avaient été désignés comme « les dix élus du Paradis », afin de leur soumettre son souhait de voir Omar investi du commandement après lui. La proposition emporta vite l’unanimité. Seul l’intéressé, Omar, qui se faisait alors discret craignant justement d’être chargé de cette responsabilité, contesta le choix du Calife en place.

Abou Bakr réussit cependant à l’issue d’un long échange, à convaincre Omar qu’il s’agissait là d’un devoir auquel celui-ci n’avait pas le droit de se dérober.


Rubrique: Les Compagnons