5:06 - Samedi 27 avril, 2024

- 18. Shawwāl 1445

Les origines de l’idolâtrie [al chirk (1/3)]


Allah le Très Majestueux dit : Consacrez vous à Allah, ne Lui associez rien. Quiconque associe à Allah, c’est comme s’il tombait du haut du ciel et que les oiseaux le happaient, ou que le vent le précipitait dans un abîme très profond (22;31) et Quiconque associe à Allah, le Paradis lui sera interdit, l’Enfer serra son abris, nul ne secourra les injustes (5;72). Il ordonne à son Messager, paix et salut sur lui, de dire : On m’a seulement ordonné d’adorer Allah sans Lui associer quoique ce soit, c’est à Lui que j’appelle [les gens], et c’est vers Lui que sera mon retour (13;36) et aussi : venez que je vous récite ce que votre Dieu vous interdit : Ne Lui associez rien ; et soyez bienfaisants envers vos parents… (6;151) et encore : Moi, mon Dieu m’a guidé dans la bonne voie, vers une religion droite, la religion d’Abraham, qui s’est voué à Allah se distinguant des idolâtres, [je voue] ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort à Allah, Seigneur de l’Univers, à Lui nul associé ! Voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre (6;161 à 163). Tous les prophètes et tous les messagers sont venus avec cette mise en garde : Adorez Allah et écartez-vous du Taghout (16;36) c’est-à-dire : écartez-vous de tout ce que les gens prennent comme dieu au lieu d’Allah. Loqman le Sage exhortait son fils, lui disant : Ô mon fils ! Ne donne pas d’associé à Allah car l’association est une injustice énorme (31;12) ; de même Joseph présentait ainsi sa religion à ses codétenus : J’ai suivi la religion de mes ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Il ne nous convient pas d’associer à Allah quoi que ce soit (12;38). Et Allah a mis en garde ses prophètes, y compris Mohammad disant : On t’a révélé ce qui fut révélé à ceux qui t’ont précédé : Si tu donnes des associés à Allah, tes [bonnes] œuvres seront vaines ; et tu seras du nombre des perdants. N’adore qu’Allah et sois parmi les reconnaissants (39;65 & 66). Le Coran et les recueils de hadiths abondent de textes fustigeant l’idolâtrie et faisant de l’association le plus grand des péchés.

L’association s’oppose systématiquement à la nature humaine saine et originelle, la fitra. C’est une maladie qui empoisonne le cœur. Aussi a-t-elle cinq principales sources, que nous résumons et redéveloppons ci-dessous.

L’émerveillement et la glorification. L’être humain a tendance à vénérer ce qui l’émerveille jusqu’à le sanctifier. Or la sanctification de quoi ou de qui que ce soit, qu’il s’agisse d’un vertueux, d’un prophète ou d’un ange, conduit irrémédiablement à l’idolâtrie et à l’association qui consiste à attribuer à la créature ce qui ne convient qu’au Seul et Unique Créateur. C’est ainsi que notre Législation [Shari’a] définit l’idolâtrie et c’est par cette voie que furent corrompus les premiers hommes. En effet, Ibn Jarir rapporte, d’un chaîne de transmission authentique, le commentaire d’Ibn Abbas aux sujets de la réponse du peuple de Noé à son prophète, lorsqu’ils dirent : N’abandonnez jamais vos divinités et n’abandonnez jamais Wadd, Suwaa, Yagout, Yaouq et Nasr (70;23). Ibn Abbas a expliqué que Wadd, Suwaa, Yagout, Yaouq et Nasr étaient cinq pieux, aimés et reconnus de tous. Quand ils décédèrent, les gens furent bouleversés et voulurent faire perdurer leur souvenir. Alors ils peignirent leurs visages sur leurs tombes respectives. Après un certain temps, ils remplacèrent ces portraits par des statues, auprès desquelles ils venaient se recueillir. Puis, génération après génération, cela devint une tradition, jusqu’à ce que les gens vouent leur culte et leurs invocations à ces statues au lieu d’adorer Allah !

D’autres s’égarèrent et pervertirent leur foi en sanctifiant leurs prophètes, leurs savants, et leurs guides religieux, comme le dit le Très Haut : Ils firent de leurs savants, de leurs ascètes et du Messie fils de Marie des divinités, alors que nous ne leur avions ordonné de n’adorer qu’un Seul Dieu. Nulle divinité que Lui ! Gloire à Lui ! Il est bien loin de ce qu’ils lui associent ! (9;31).

L’amour de l’apparence, le goût pour l’image et le palpable. Souvent l’homme renie ce qui le dépasse et rejette ce que ces cinq sens ne perçoivent pas : Ils démentaient tout ce qui dépassait leurs connaissances et ce dont l’interprétation ne leur était pas encore parvenue (10;39). C’est ainsi que par manque d’intellect, et par ignorance des principes religieux fondamentaux, certains prirent des objets, des grigris, des icônes ou des statues leur attribuant le pouvoir de porter bonheur, de repousser le mauvais œil, ou encore de prédire l’avenir, sans forcément renier le Créateur. Tel était l’état des Arabes avant qu’Allah ne leur envoie Mohammad. Le Très Haut dit de ceux-là : Si tu leur demandais : Qui a créé les cieux et la terre ?, Ils répondront assurément : Allah. Dis-leur : Voyez-vous ceux que vous invoquez en dehors d’Allah ; si Allah me voulait du mal, est-ce que [ces divinités] pourraient dissiper Son mal ? Ou s’Il me voulait une miséricorde, pourraient-elles retenir Sa miséricorde ? Dis : Allah me suffit : c’est en Lui que placent leur confiance ceux qui cherchent un appui (39;38).Tel était également l’état du peuple de Moïse lorsqu’après avoir traversé la mer « ils passèrent près d’un peuple idolâtre et [qu']ils demandèrent : O Moïse désigne nous un dieu semblable aux leur » (7;138), c’est-à-dire un dieu visible et palpable, ou quand ils manifestèrent leur scepticisme en demandant : O Moïse ! Fais-nous voir Allah clairement ! (4;153). Ainsi, était également Pharaon lorsqu’il dit à son intendant : Ô Haman, bâtis-moi une tour afin que j’atteigne le ciel, peut-être verrai-je le Dieu de Moïse ; bien que je pense que celui-ci soit un menteur (40;36&37).

La passion et les désirs. Allah dit : As-tu vu celui qui a fait de sa passion son dieu ? Te porteras-tu garant pour lui ?! (25;43)ce ne sont que leurs passions qu’ils suivent et qui est plus égaré que celui qui suit sa passion sans une guidée Divine ? (28;50). Aussi, la passion pour autre qu’Allah rend le cœur imperméable et sourd à Ses versets, et s’étend comme un voile sur l’œil du cœur : Vois-tu celui qui fait de sa passion un dieu ? Allah l’égare sciemment, scelle son ouïe et son cœur et étend un voile sur sa vue. Qui le guidera après cela ? Ne vous rappellerez-vous donc pas ? (45;23). L’individu tombe dans le culte de sa passion dès lors qu’il aime une créature ou une activité d’un amour démesuré, c’est l’association dans l’amour[chirk mahabba], comme dans le verset : Parmi les hommes, il en est qui prennent, en deçà d’Allah, des égaux à Lui, en les aimant comme ils devraient aimer Allah. Or les croyants sont les plus ardents en l’amour d’Allah (2;165).

L’orgueil vis-à-vis d’Allah. Certaines personnes ont parfois un sentiment de grandeur, oubliant qu’elles furent créées d’une goutte sortie d’entre les côtes de leurs pères, tandis qu’elles sous-estiment la grandeur de Celui qui a crée cet univers et ne L’estime pas comme Il le mérite. Ils trouvent rabaissant de servir Allah, et d’être son serviteur, de s’incliner et de se prosterner devant Lui, de prier aux côtés de ceux qu’ils considèrent comme inférieurs à eux, en raison de leur origine ou de leur rang social. Ce sentiment provient souvent du fait qu’Allah les a comblés, sur le plan matériel, par une belle allure, une noble famille, une bonne position sociale, ou une grande richesse. C’est cela qui perdit Nemrod, Pharaon, Coré, et Al Walid Ibn Moughira. Le Coran dit au sujet de ce dernier : Il a réfléchi et il a décidé. Qu’il périsse ! Comme il a décidé ! Oui, qu’il périsse ; comme il a décidé ! Puis, il a regardé, puis il s’est renfrogné et a durci son visage, puis il a tourné le dos et s’est enflé d’orgueil (74;18à23). Allah dit : Quant à ceux qui ont eu la morgue et se sont enflés d’orgueil, Il les châtiera d’un châtiment douloureux et ils ne trouveront, pour eux, ni allié ni secoureur en deçà d’Allah (4;173).

La dictature et la tyrannie. Il arrive enfin, que des hommes auxquels Allah a accordé un pouvoir éphémère dans ce bas-monde, s’auto-érigent en divinité, et obligent les gens à leur vouer un véritable culte, à les louer dans leurs livres d’histoire, à fixer leurs effigies sur les murs de leurs commerces, et dressant des statues d’eux dans les grandes villes et sur les places publiques. Ainsi, Nemrod se mit sur un pied d’égalité avec le Dieu Majestueux disant à Abraham : Moi aussi je donne la vie et la mort (2;258). Pharaon dit à ses proches : Je ne connais pas d’autre dieu pour vous que moi (28;38) et C’est moi qui suis votre plus grand seigneur (79;24)il étourdit son peuple [par sa belle rhétorique] et ils lui obéirent car ils étaient des gens mauvais (43;52). Et quand ils se disputeront dans le Feu, les faibles diront à ceux qui s’enflaient d’orgueil : Nous vous avions suivis: pourriez-vous nous préserver d’une partie du feu ? Et ceux qui s’enflaient d’orgueil répondront : En vérité, nous y voilà tous. Allah a déjà rendu Son jugement entre ses créatures. (40;47&48).


Rubrique: Bien comprendre l'Islam