7:26 - Vendredi 19 avril, 2024

- 10. Shawwāl 1445

Les limites de Dieu


عن أبي ثعلبة الخشني جرثوم بن ناشر رضي الله عنه ، عن رسول الله صلي الله عليه وسلم ، قال : إن الله تعالى فرض فرائض فلا تضيعوها ، وحد حدودًا فلا تعتدوها ، وحرم أشياء فلا تنتهكوها ، وسكت عن أشياء رحمة لكم غير نسيان فلا تبحثوا عنها -

[رواه الدارقطني وغيره]

Abou Tha’laba Al-Khashani Jourthoum Ibn Nashir rapporte que l’Envoyé de Dieu r a dit : Dieu le Très-Haut a prescrit des obligations, ne les négligez pas ; Il a fixé des limites, ne les transgressez pas ; Il a interdit certaines choses, ne les enfreignez pas. Il s’est tu sur certaines choses par miséricorde pour vous et non par oubli, ne demandez pas après elles. [Al Daraqoutni – Hassan Sahih]

Nous avons vu dans les précédents hadiths les différentes conditions d’acceptations des œuvres du musulman, que sont la sincérité et la conformité dans le culte, ou encore l’importance d’avoir un bon comportement. L’imam Al-Nawawi nous montre par ces hadiths qu’il est indispensable pour le musulman qui souhaite plaire à Dieu de se parer de ces qualités, mais cela ne suffit pas pour autant à obtenir Son entière satisfaction. En effet, il faut dans le même temps accomplir ce qu’Il nous a prescrit de faire, et délaisser tout ce qui Lui déplaît, et ces deux efforts sont intimement liés et dépendants l’un de l’autre. Ainsi, celui qui concourt à pratiquer de bonnes actions avec sincérité se retiendra plus facilement de commettre des péchés, tout comme celui qui s’applique à s’éloigner du péché aura plus de facilité à s’acquitter de ses obligations.

On peut alors souligner l’incohérence de certains serviteurs qui sous les suggestions du diable s’éloignent des bonnes actions et des obligations sous prétexte qu’ils sont encore trop faibles dans leur foi et face aux péchés, pensant qu’ils doivent d’abord délaisser le péché avant d’accomplir leurs obligations. Mais ceci n’est qu’une ruse du diable visant à éloigner définitivement le serviteur du droit chemin, car c’est plutôt la mise en pratique assidue des obligations telles que la prière ou le jeûne qui va permettre au croyant de s’éloigner définitivement du péché, comme le confirme Allah dans Son Livre : ‘En vérité la prière détourne de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu’il y a de plus grand. Et Allah sait ce que vous faites. [29;45]‘, Ô croyants! on vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété [2;183].

Par ailleurs ce qui a été définit comme obligatoire l’est autant pour le vertueux que pour le pécheur. Ainsi, le vertueux au bon comportement ne peut prétendre à être exempté des obligations prescrites sous prétexte qu’il aurait atteint un niveau de bonté exemplaire. Il en est de même du pécheur qui prétendrait ne pas pouvoir accomplir ses obligations du fait du grand nombre de péchés qu’il a commis.

La réussite ici-bas comme dans l’au-delà se trouve donc dans les limites d’Allah, en dehors desquelles la perte est assurée. Une autre erreur due à l’ignorance, et communément admise, est de penser que ces limites sont contraignantes pour celui qui désire s’y astreindre en vue de plaire à son Seigneur, or la règle originelle en Islam en toute chose est plutôt la permission ; Ne voyez-vous pas que Dieu vous a soumis ce qui est dans les cieux et sur la terre et vous a comblés de Ses bienfaits apparents et cachés  [31;20]. Ainsi, seules les choses clairement mentionnées par le Législateur par le biais d’un texte authentique et explicite font l’objet d’interdictions, et les spécialistes s’accordent à dire que ces textes [interdisant] sont peu abondants, rendant de ce fait le champ des interdits relativement réduit, se limitant essentiellement aux choses impures et nocives. Par conséquent, on en déduit par le peu de ces textes que le domaine du licite est très vaste, et qu’il suffit amplement à tout un chacun pour assurer sa subsistance et assouvir ses plaisirs sans avoir à tomber dans l’illicite.

On précisera cependant que nous devons faire exception des questions concernant le culte pour lequel nous appliquerons la règle inverse, qui est que tout ce qui n’a pas été prescrit par un texte clair et authentique n’a pas sa place dans la religion, comme nous l’avons vu dans notre article sur la conformité.

Ceci étant, il est vrai que ce qui était encore, jusqu’à récemment, unanimement reconnu comme détestable, voire interdit par toutes les sociétés, est devenu aujourd’hui tout à fait banal et s’est trop souvent ancré dans les mœurs. De nombreuses choses considérées hier encore par tous comme immorales sont devenues ‘normales’ et ont fait oublié leurs effets catastrophiques. La recherche du profit et du plaisir immédiat justifierait que l’on transgresse tous les interdits. À cela s’ajoute le fait que les musulmans ont atteint un niveau d’ignorance tel, qu’il leur est devenu quasiment impossible de faire la distinction entre ce qui leur procure un plaisir ou une satisfaction immédiate et ce qui leur est réellement profitable dans cette vie et dans l’autre. À l’image du malade qui délaisse le médicament amer aux effets bénéfiques pour des mets goûteux aux effets nocifs. Le Prophète r nous informe par ailleurs qu’Allah a entouré le Paradis des difficultés, et l’Enfer des plaisirs, à tel point que Djibril a craint que personne n’entre au Paradis et que personne n’échappe à l’Enfer [Abou Dawoud, Al Tirmidhi, Ibn Hibban & Al Hakim]. Ainsi, on constate avec regret, que nombre de musulmans délaissent leurs obligations pour s’adonner aux plaisirs et assouvir leurs passions dans les interdits, transgressant les limites qu’Allah nous a fixées. ‘Hélas, vous donnez la préférence à la vie de ce monde, alors que la vie future est meilleure et plus durable’ [87;16-17]. Dans ce contexte de confusion et de tromperie, il est plus que jamais essentiel de rechercher le savoir et la connaissance permettant de s’éloigner de l’erreur et d’atteindre la clairvoyance permettant de distinguer le vrai du faux.

Et Allah sait mieux…


Rubrique: Leçons prophétiques