Près d’une vingtaine d’années après le début de sa mission, et huit ans à peine après son exil forcé vers Médine, le Prophète (Paix et Salut sur lui) revint à la Mecque victorieux, accompagné de dix milles musulmans. Point d’effusion de sang, point de vengeance, il pardonna à ceux qui l’avaient jadis persécuté et traité de menteur. Ses pires ennemis d’hier ne doutèrent d’ailleurs pas un seul instant de ses intentions lorsqu’il leur demanda :’Ô peuple de Qoraïch, comment à votre avis, vais-je me comporter envers vous ? Ils répondirent : Ô noble frère, fils d’un noble frère, nous ne nous attendons qu’à de la bienveillance de ta part’. Une telle clémence est due au fait que le Prophète (Paix et Salut sur lui)ne cherchait pas sa gloire personnelle mais cherchait plutôt le triomphe de la religion de Dieu, comme guidée et miséricorde pour l’Humanité toute entière : Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers (21,107). D’une région autrefois isolée du monde, allait ainsi jaillir une brillante civilisation puisant sa force et son génie à la source du Message Divin ; et qui s’étendrait pas moins d’un siècle après la mort du Prophète, des portes de l’Asie à l’Espagne. Il est alors intéressant, de nous arrêter ici sur ceux qui en furent les premiers bâtisseurs : les compagnons du Prophète(Paix et Salut sur lui). Les tout premiers [croyants] parmi les émigrés et les Auxiliaires et ceux qui les ont suivis dans un beau comportement, Allah les agrée, et ils l’agréent (9,107).
Qui sont les compagnons ? Le compagnon est celui ou celle qui a rencontré ou vu le Prophète (Paix et Salut sur lui),a cru en lui, puis est mort en étant musulman. Leur nombre exact n’est pas connu mais les historiens estiment qu’ils étaient environ cent vingt quatre mille à la mort du Prophète (Paix et Salut sur lui), hommes et femmes confondus.
Les premiers compagnons : Notre mère Khadîja, épouse du Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui), fut la première à embrasser l’Islam. Suivirent Abou Bakr Saddîq, Ali Ibn Abî Tâlib parmi les enfants et Zayd ibn Thâbit parmi les esclaves.
Leur mérite : Les Compagnons sont ceux que Dieu a honorés et choisis pour porter le flambeau de Sa religion et assister Son Messager (Paix et Salut sur lui) dans sa mission. Leur sincérité et leur dévouement pour la cause de l’Islam ont été loués à maintes reprises au sein du Coran : Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certain d’entre eux ont atteint leur fin, et d’autres attendent encore; et ils n’ont varié aucunement (dans leur engagement) (33,23). Allah a très certainement agréé les croyants quand ils t’ont prêté le serment d’allégeance sous l’arbre. Il a su ce qu’il y avait dans leurs coeurs, et a fait descendre sur eux la quiétude, et Il les a récompensés par une victoire proche. (48,18)
Le Prophète (Paix et Salut sur lui), quant à lui, dit : ‘n’insultez pas mes compagnons, car si l’un d’entre vous dépensait (en aumône) l’équivalent du mont Uhud en or, il ne pourrait atteindre le mérite de l’un d’entre eux, pas même la moitié’ (Al Boukhâri, Mouslem)
Les différents degrés parmi les Compagnons : Selon ce que Dieu et son Messager (Paix et Salut sur lui) nous ont enseignés, on peut hiérarchiser les compagnons en différents groupes, au regard de leur mérite auprès d’Allah et de Son Prophète. En effet, tout comme les Prophètes et les Messagers, Allah (exalté soit-Il) leur a attribués différents degrés : On ne peut comparer cependant celui d’entre vous qui a donné ses biens et combattu avant la conquête… ces derniers ont un degré plus grand que ceux qui ont dépensé et ont combattu après. Mais pour tous, Allah a promis la plus belle récompense. Ainsi, en premier lieu, l’élite de la communauté musulmane est constituée par ceux que l’on nomme les Emigrés (al mouhâjiroûn) : ceux qui ont émigré de la Mecque vers Médine. Suivent ensuite les Auxiliaires (al Ansâr) : ceux qui ont accueilli les Emigrés à Médine et ont soutenu le Prophète (Paix et Salut sur lui). Après, viennent ceux qui ont assisté à la bataille de Badr, puis la bataille d’Uhud, puis ceux qui ont prêté serment sous l’arbre et enfin ceux qui ont embrassé l’Islam après la conquête de la Mecque (al Fath). Les savants se sont accordés pour dire que les meilleurs d’entre eux, sont les dix auxquels le Messager de Dieu a annoncé le Paradis (al moubachiroun bi-l-jannah).Il s’agit dans l’ordre, d’Abou bakr, Omar, Othmân, Ali,Talha, Zoubayr, Sa’d ibn Abî Waqqas, Saïd ibn Zayd, Abderrahman ibn ‘Aouf et Abou ‘oubayda ibn Jarrah.( Tirmidhî, Abou Dawud)
Leur statut selon l’Islam : L’amour des Compagnons (Qu’Allah les agréer) est un dogme (mina-l-‘aquîda). Le croyant se doit, bien entendu sans excès, de parler d’eux avec révérence et respect. Certes, comme tout être humain, les Compagnons n’étaient pas infaillibles. Néanmoins, nous ne pouvons nous mettre à pied d’égalité avec ceux qui ont assisté à la Révélation et se sont abreuvés de la Sagesse Prophétique, psalmodiant le Coran la nuit puis se levant le matin, déterminés à en appliquer ses principes ; ceux qui ont laissé leurs familles et leurs biens derrière eux pour s’allier à la Vérité et qui, par amour pour Dieu, se sont soumis à tous les préceptes de l’Islam afin de réformer leur caractère et de former une communauté exemplaire, pour la société humaine et pour quiconque prend le temps de méditer leurs œuvres :Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah(3,110).Ainsi, s’attacher à la voie des Compagnons est la garantie de comprendre l’Islam dans son authenticité. Les dénigrer est un signe d’hypocrisie et une façon déguisée de discréditer la personne du Prophète (Paix et Salut sur lui).En effet, L’imam Tirmidhî rapporte le hadith suivant : Celui qui leur (mes compagnons) porte préjudice cherche par là à me nuire et, en vérité, cherche à nuire à Dieu ! Celui qui veut nuire à Dieu, Dieu risque de faire tomber Sa colère sur lui à tout moment !
Et Allah sait mieux.
