3:07 - Vendredi 29 mars, 2024

- 19. Ramaḍān 1445

Les coalisés


Nous arrivons à la cinquième année post hégire dans le récit de la vie du Prophète paix et salut sur lui. Il régnait alors à Médine une relative stabilité, et la région était quasiment pacifiée. Pourtant, une épreuve sans précédent attendait les musulmans, qui allaient se retrouver confrontés à l’une des situations les plus délicates auxquelles ils aient eut à faire face. En effet, aucun des ennemis qui se sont succédés jusque là dans les trahisons et les tentatives de nuire aux musulmans n’étaient parvenus à leur fin. C’est à partir de ce constat que les dirigeants des Banou Nadir, dont l’humiliation était encore récente, allèrent trouver les chefs de clans des qouraychites puis des Ghatafan pour leur proposer une alliance militaire contre le Prophète paix et salut sur lui. Ravis d’entrevoir une possibilité de mettre enfin un terme à la propagation du message de l’Islam, qui entravait leurs affaires, les deux tribus acceptèrent la proposition et furent rejoins par de nombreux autres alliés pour former une armée de plus de dix mille combattants qui se dirigea droit vers Médine.

Dès lors que le Prophète paix et salut sur lui fut mis au courant de la situation, il réunit ses compagnons, comme à son habitude, pour procéder à la Choura (consultation), et décider de la marche à suivre. Tout le monde avait conscience qu’une confrontation directe était quasiment impossible du fait du grand nombre de soldats ennemis. Salman al-Farisi (le Perse) proposa alors une stratégie méconnue dans la péninsule arabique. Celle-ci consistait à creuser de larges et profondes tranchées autour de Médine pour former un rempart inaccessible aux troupes ennemies. Tous se mirent d’accord pour adopter cette stratégie et commencèrent à creuser avec ardeur, motivés en cela par la participation du Prophète paix et salut sur lui lui-même. Celui-ci était toujours au devant pour accomplir les tâches les plus pénibles malgré son statut légitime de chef de Médine et de prophète. Il était toujours volontaire à l’effort et représentait un modèle et une source intarissable de motivation pour ces compagnons, en les exhortant par des rappels, mais aussi par des poèmes composé par ibn Rawaha.

L’effort était très intense, et les compagnons n’avaient que très peu à manger, au point qu’ils furent rapidement tiraillés par la faim. Jabir ibn ‘Abdoullah demanda alors à sa femme de préparer un modeste repas pour le Prophète paix et salut sur lui et invita discrètement celui-ci. Mais le souci et la bienveillance du Prophète paix et salut sur lui à l’égard de ses compagnons l’empêchait de se satisfaire seul d’un repas quand ces derniers souffraient de la faim. Il accepta donc l’invitation, mais se présenta accompagné des centaines de personnes qui creusaient alors la tranchée. Il fit une invocation avant que l’on commence à servir les plats et, malgré la quantité apparemment insignifiante, tous furent servis, par la permission d’Allah, et mangèrent à satiété, alors que la marmite ne désemplissait pas.

Un autre miracle [mou’jizah] encore plus étonnant se produisit alors que les compagnons étaient bloqués dans leur ouvrage par un rocher sur lequel se brisèrent plusieurs pioches. On appela alors le Prophète paix et salut sur lui qui se saisit de la pioche de Salman al-Farisi, invoqua Dieu à voix basse, et frappa le rocher qui se brisa en trois coups, dégageant à chaque fois une vive étincelle. Au premier coup il s’écria : Allahou Akbar ! Les clés de la Syrie m’ont été données, je jure par Dieu qu’en ce moment même je peux voir ses palais rouges ; puis au deuxième : Allahou Akbar ! La Perse m’a été accordée, je jure par Dieu qu’en cet instant je peux voir le palais de Mada’in, enfin au troisième coup :Allahou Akbar ! J’ai reçu les clés du Yémen, je jure par Dieu que je peux apercevoir les portes de Sana’a [Al Boukhari]. Il venait d’annoncer l’adoption prochaine de l’Islam par les trois grands empires de l’époque, ce qui semblait tout à fait impossible étant donné la situation précaire qu‘étaient alors en train de vivre les musulmans. Allah confirmera pourtant ces prophéties quelques années plus tard.

Allah voulait par ces miracles et ces bonnes annonces rassurer ses partisans et les raffermir. Ainsi, les tranchées furent achevées au bout de six jours, et lorsque les troupes ennemis stationnèrent aux portes de Médine, les musulmans quoique fatigués par leur dur labeur étaient fin prêts à surmonter la menace : ‘Et quand les croyants virent les coalisés, ils dirent : ‘Voilà ce qu’Allah et Son messager nous avaient promis ; et Allah et Son messager disaient la vérité’. Et cela ne fit que croître leur foi et leur soumission’ [33;22].


Rubrique: La vie du Prophète (psl)