14:59 - Vendredi 26 avril, 2024

- 17. Shawwāl 1445

Le retour à Dieu


La mission du Prophète (paix et salut sur lui), après les nombreuses difficultés et épreuves que l’on connait, touchait à sa fin. Au terme de vingt trois années de prêche, il avait par la volonté de Dieu établi l’Islam dans la péninsule arabique, et transmis le message divin sans rien omettre. Ainsi, après avoir accompli son seul et unique pèlerinage (hajj), que l’on appellera par la suite pèlerinage d’Adieu, Allah lui révéla : ‘Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous.’ [5;3].

Aussi, à la suite de ce pèlerinage, plusieurs signes annoncèrent que son passage ici-bas allait bientôt prendre fin.

C’est lors de ce pèlerinage que fut révélée la sourate Al Nasr (le secours), révélation à la suite de laquelle le Prophète(paix et salut sur lui) comprit qu’il quitterait ce bas monde dans la même année. À la fin du pèlerinage il annonça à ses compagnons : ‘Je ne sais pas si je vous reverrai l’année prochaine, en ce même lieu.’ Il multiplia alors les bonnes actions et les exhortations envers ses compagnons. De retour à Médine, il se rendit à Ohod pour se recueillir une dernière fois sur les tombes des martyrs tombés lors de cette bataille, et s’adressa ensuite à ses compagnons en ces termes : ‘Je vous devance (dans l’au-delà) et serai témoin de vos actes (…) Je ne crains pas que vous redeveniez polythéistes après moi, mais que vous vous disputiez au sujet des richesses de ce monde.’

En effet, au bout de quelques semaines, le Prophète (paix et salut sur lui) fut pris de violentes fièvres, au point qu’il ne se déplaçait qu’avec beaucoup de difficultés. Un jour alors que la fièvre s’intensifiait, il perdit un instant connaissance, et exigea à son réveil qu’on lui versât de l’eau fraiche sur le corps. Une fois qu’il eut totalement retrouvé ses esprits, il se dirigea vers la mosquée où il rappela à ses compagnons de ne pas faire de sa tombe une mosquée. Il prit soin ensuite de s’acquitter de toute dette éventuelle, en demandant à ceux auprès de qui il aurait une créance de se présenter, mais aussi à ceux qu’il aurait pu blesser involontairement de le pardonner. Il voulait ainsi paraitre devant son Seigneur, libre de toute dette, pardonné de toute offense, et ayant transmis parfaitement son message. Il remonta ensuite sur le minbar et dit : ‘Il est un serviteur à qui Dieu a offert de choisir entre tout ce qu’il voulait de meilleur dans ce bas monde et ce qui est auprès de Dieu’, sur quoi Abou Bakr fondit en larme, comprenant que le Prophète (paix et salut sur lui) parlait de sa personne, et qu’il avait choisi de retourner vers Son Seigneur.

Malgré la maladie et la faiblesse, le Prophète (paix et salut sur lui) continuait de se rendre à la mosquée pour y diriger la prière, et ceci tant qu’il eut la force de se déplacer, quand bien même il devait prier assis. Mais la maladie consomma bientôt toute son énergie, au point qu’il ne pouvait plus quitter son lit. Il demanda alors à Abou Bakr de diriger les prières à la mosquée, affichant ainsi sa préférence pour le remplacer dans la direction des musulmans. Il est à noter que le Prophète (paix et salut sur lui) n’a laissé aucun ordre concernant sa succession, laissant la totale liberté de choix à ses compagnons, et assurant ainsi la pérennité du principe de la consultation [choura]. Il n’a pas cherché à imposer un membre de sa famille, ou de son clan, mais a seulement conseillé de choisir le plus pieux et le plus compétent.

Un matin, le Prophète (paix et salut sur lui) souleva le voile qui séparait sa chambre de la mosquée comme pour s’assurer une dernière fois que les musulmans s’acquittaient bien de la prière en commun en son absence. Il leur sourit, ce qui émut les compagnons qui pensèrent qu’il allait les rejoindre, mais le voile retomba aussitôt. Plus tard dans la journée, il reçut sa fille Fatima à qui il fit une confidence qui la fit d’abord pleurer. Puis, il lui chuchota autre chose qui lui rendit le sourire. Fatima expliquera après le décès de son père, que celui-ci lui avait annoncé la première fois sa mort imminente, et la deuxième fois, qu’elle serait la première de sa famille à le rejoindre, d’où ses réactions.

Lors de ses derniers instants, le Prophète (paix et salut sur lui) se trouvait allongé dans les bras de Aïcha qui l’entendait murmurer juste avant de s’éteindre : ‘C’est plutôt la compagnie suprême du Paradis !’ elle dit alors ‘Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, il t’a été ordonné de choisir et tu as fais ton choix.’ Certes nous appartenons à Allah, et c’est vers Lui que nous retournons.

À l’annonce de son décès, Médine s’obscurcit de douleur, à l’image de ‘Omar ibn al Khattab qui aveuglé par la peine, nia sa mort, déclarant qu’il s’était simplement, comme Moussa retiré auprès de son Seigneur, et menaçant tous ceux qui affirmeraient le contraire. Abou Bakr fit alors son arrivée à la mosquée, et constatant la stupeur et le désarroi des musulmans déclara : ‘A présent, que ceux d’entre vous qui adoraient Mohammad sachent que Mohammad est mort. Que ceux d’entre vous qui adoraient Allah sachent qu’Allah est le Vivant qui ne meurt jamais. En effet Allah dit : ‘Mohammad n’est qu’un messager – des messagers avant lui sont passés -. S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt les reconnaissants. [3;144]. Ce verset pourtant connu de tous retentit comme s’il avait été récité pour la première fois, et tous se mirent alors a à répéter ce verset et acceptèrent la mort du Prophète (paix et salut sur lui) avec résignation.

Le Prophète est donc retourné vers son Seigneur à l’âge de 63 ans après avoir parfaitement rempli sa mission, et fut enterré dans la chambre de ‘Aïcha à l’endroit même où il s’est éteint comme l’impose la tradition des prophètes.

Ô Allah répands sur lui ta grâce et tes bénédictions !


Rubrique: La vie du Prophète (psl)