8:53 - Mercredi 24 avril, 2024

- 15. Shawwāl 1445

L’année du chagrin


La mort d’Abou Talib

Six mois après la fin du blocus, au cours de la dixième année de la mission prophétique, l’oncle du Prophète, Abou Talib, tomba malade. Le Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui) se rendit alors à son chevet et le trouvant mourant, il s’empressa de l’inviter une dernière fois à formuler l’attestation de foi dans le but d’intercéder pour lui auprès de Dieu. Même si Abou Talib connaissait la valeur de son neveu et ne doutait pas un seul instant de la véracité de sa mission, il se refusa sous le poids des traditions à renoncer à la religion de ses ancêtres. Cela affecta fortement le Prophète (Paix et Salut sur lui), car malgré le soutien inconditionnel d’Abou Talib à la cause de l’Islam et l’amour qu’il portait à Mohammed (Paix et Salut sur lui), il n’avait pas su en tirer profit pour son propre salut. Mais Allah Seul peut guider l’être humain sur la Voie Droite. Tu ne guides pas sur la bonne voie qui tu aimes [28,56].Chacun est donc libre de croire ou de mécroire mais chacun devra ensuite répondre de ses actes devant son Créateur sans aucun intermédiaire ni intercesseur.

Le décès de Khadija

Le retour à Allah de Khadija, la Mère des croyants, deux ou trois mois à peine après le décès d’Abou Talib, allait affecter encore plus durement le Prophète (Paix et Salut sur lui). Agée de 65 ans, elle mourut durant le mois de Ramadan. Elle avait été la toute première à croire en lui lorsque tout le monde se détournait de lui. Elle l’avait réconforté et soutenu par son amour et avec ses biens face à bien des épreuves. Il l’avait toujours trouvée à ses côtés. D’ailleurs même après sa mort, le Prophète (Paix et Salut sur lui) évoquait souvent son souvenir. En outre, Aïcha disait qu’elle n’avait jamais été jalouse d’une des épouses du Prophète (Paix et Salut sur lui) comme elle le fut pour Khadija, bien qu’elle ne l’eut jamais connue. En effet, dit-elle, le Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui) n’avait de cesse de parler d’elle. Et quand il sacrifiait un mouton, il en réservait toujours une large part aux amies de Khadija [Al Boukhari & Mouslim]. De nombreux hadiths mentionnent les mérites de cette femme noble. Elle est d’ailleurs l’une des quatre femmes les plus pieuses de l’Humanité avec Marie, la mère de Jésus, Assia, la femme de Pharaon et Fatima, la fille du Prophète (Paix et Salut sur lui), selon un hadith que rapporte l’Imam Ahmad dans son Mousnad.

La protection et le soutien ne viennent que de Dieu.

Cette année éprouvante fut appelée année du chagrin par le Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui) car sa mission en fut très affectée. Le soutien affectif de Khadija était des plus précieux dans les moments difficiles. Quant au soutien d’Abou Talib, il garantissait à Mohammed (Paix et Salut sur lui) de transmettre son message tant bien que mal, malgré l’aversion des mecquois. Le Cheikh Ramadan al Bouti précise dans son fiqh Sira que si le Prophète (Paix et Salut sur lui) appela cette année ainsi, ce n’est pas simplement du fait de la disparition douloureuse de deux êtres chers, mais surtout à cause des implications de cette disparition sur sa mission. En effet, son oncle lui assurait sa protection, ce qu’il lui permettait de prêcher l’Islam à maintes occasions. Désormais rien ni personne, si ce n’est Allah, Exalté soi-Il, ne pouvait retenir l’hostilité des idolâtres. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) s’attristait de la perte des deux êtres les plus chers à son cœur mais aussi et surtout de voir son peuple se détourner de la Vérité. C’est la raison pour laquelle cette année fut appelée année du chagrin. Et Dieu est plus savant !D’ailleurs durant cette période le ton des versets révélés est apaisant : Nous savons qu’en vérité ce qu’ils disent te chagrine … Certes, des messagers avant toi (Mohammad) ont été traités de menteurs. Ils endurèrent alors avec constance d’être traités de menteurs et d’être persécutés, jusqu’à ce que Notre secours leur vînt [6;33-36] .Toujours selon le cheikh, nous pouvons voir dans la mort d’Abou Talib qui survint avant le triomphe de l’Islam, un signe de la Sagesse Divine en ce sens qu’elle coupe court à l’idée selon laquelle le Messager de Dieu (Paix et Salut sur lui) aurait été manipulé par son oncle ou encore que le succès de sa mission n’aurait été dû qu’à des circonstances historiques favorables tel que le soutien infaillible d’un homme influent parmi son peuple. Mais il n’en est rien : le secours et la réussite ne dépendent que de Dieu.

Et Allah sait mieux !


Rubrique: La vie du Prophète (psl)