17:28 - Samedi 20 avril, 2024

- 11. Shawwāl 1445

L’amour en Dieu chez les compagnons


Allah le Très Haut dit : Les croyants ne sont que des frères. Veillez-donc à établir/préserver [islah] ces relations fraternelles et craignez Dieu - s’il vous prenait d’agir autrement - afin qu’Allah ait pitié de vous [49;10]. Nous l’avons évoqué le mois dernier, l’amour des croyants les uns envers les autres, pour Dieu et en Dieu, qui se traduit par la fraternité musulmane, est l’une, si ce n’est la plus belle manifestation de la foi. Nous avons vu aussi qu’Allah dit au sujet des Ansars qu’il leur est arrivé de préférer à eux-mêmes leurs frères immigrés, alors qu’ils étaient eux-mêmes en difficulté, et alors qu’il leur aurait « suffit » d’aimer pour eux ce qu’ils aimaient pour eux-mêmes afin de parachever leur foi : ils [les] préfèrent à eux-mêmes, quand bien même il y a pénurie chez eux [59;9]. C’est dire que ces gens, ne se sont pas contentés d’obtenir un 20/20 dans l’épreuve de la fraternité, mais ont même obtenu des points supplémentaires et les félicitations du jury ! Arrêtons-nous donc sur quelques hadiths illustrant cet amour qui unissait les cœurs des premiers musulmans et sur des exemples de cette fraternité réelle qu’a mise en place le Prophète (paix et salut sur lui), par la permission d’Allah. Peut-être que ces quelques textes nous donneront matière à réfléchir…

Dieu s’émerveille et s’étonne du comportement exemplaire d’un musulman. Al Boukhari et Mouslim rapportent dans leurs Sahih, d’après le grand rapporteur de hadith, Abou Houraïra, qu’un homme vint un jour se plaindre au Prophète (paix et salut sur lui) en lui disant ô combien il était affamé. L’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) - qui voulait toujours être le premier à accomplir de bonnes œuvres – sollicita immédiatement sa famille afin de pouvoir donner de quoi manger à ce pauvre homme. On lui répondit à chaque fois : Par Celui qui t’a envoyé porteur de vérité, je n’ai rien d’autre que de l’eau à lui offrir. – C’est dire que le Prophète (paix et salut sur lui) et sa famille étaient eux-mêmes dans une situation précaire ! – . Finalement, le Prophète (paix et salut sur lui) fut obligé de demander l’aide des fidèles auxquels il demanda qui donc voudrait bien offrir l’hospitalité à l’homme qui était venu lui demander de l’aide. Un Ansar – médinois converti – se précipita pour saisir cette occasion de faire une bonne œuvre et de répondre positivement à la requête du Prophète (paix et salut sur lui). Il se rendit donc chez lui en compagnie de l’homme affamé – qui était pour lui un inconnu mais qui avait le seul mérite de lui avoir été présenté par l’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui) -. Une fois arrivé, l’homme recommanda à sa femme de bien recevoir ‘l’hôte du Messager de Dieu (paix et salut sur lui)’. Celle-ci objecta – discrètement – qu’ils n’avaient rien d’autre à manger à la maison que le repas destiné à leurs enfants ! L’homme qui s’était engagé à accueillir son frère inconnu, et qui ne voulait en aucun cas revenir sur son engagement, demanda alors à sa femme d’occuper leurs enfants, et de les coucher lorsqu’ils demanderaient à manger. Il ajouta ensuite : quand notre invité entrera à la maison, éteins la lampe - sous prétexte d’un manque de combustible, ce qui n’était d’ailleurs pas un mensonge - et faisons semblant de manger avec lui - pour ne pas le gêner ou l’embarrasser. L’homme et sa femme agirent donc de cette manière. L’homme affamé mangea sans être gêné, tandis que le couple pieux et leurs enfants passèrent la nuit le ventre vide ! Lorsque le lendemain matin l’homme croisa le Prophète (paix et salut sur lui), celui-ci lui dit : Dieu S’est vraiment étonné (ou a été émerveillé) de ce que vous avez fait hier soir avec votre invité.

Sa’d Ibn Rabi’ veut partager sa fortune et plus encore avec Abdarrahman Ibn Awf. La deuxième chose que l’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) fit à son arrivée à Médine, après avoir construit la mosquée, fut d’établir des liens de fraternité entre familles immigrées, ayant fuit La Mecque, et familles d’accueil ansar. Il constitua donc des binômes entre mecquois et médinois, les seconds devant accueillir chez eux les premiers et leur apporter un soutien et une aide, pour faciliter leur intégration. Ceci étant, beaucoup d’entre eux voulurent en faire plus. Parmi ceux-là, nous trouvons l’histoire de Sa’d Ibn Rabi’, riche médinois, qui proposa à Abdarrahman Ibn Awf de lui faire don de la moitié de son capital ! Il alla même plus loin en lui proposant de le marier à l’une des femmes de sa famille ! Cependant, Abdarrahman qui se savait habile commerçant, et qui n’aimait pas vivre au dépend de la société ou d’autrui, et qui ne se réjouissait que de vivre de son labeur, déclina gentiment son offre, et lui demanda simplement de lui indiquer l’emplacement du marché. Abderrahman fit rapidement fortune et put finalement se marier en finançant seul son mariage.

Préférer la vie de son frère à la sienne. L’histoire de la mort d’Ikrima fils d’Abi Jahl, d’abord ennemi acharné de l’Islam, et fils de l’ennemi du Prophète (paix et salut sur lui) est aussi un fort témoignage pour nous de l’état d’esprit des premiers musulmans. En effet, Ikrima avait d’abord été, dans la continuité de son père, de toutes les batailles contre le Prophète (paix et salut sur lui). Il s’enfuit lors de la conquête de La Mecque par les musulmans, puis se convertit finalement sur le conseil de sa femme qui était devenue croyante. Une fois que Dieu eut ouvert son cœur à l’Islam, Ikrima eut tellement honte de son égarement passé qu’il jura qu’il vouerait dorénavant le reste de ses jours à servir la religion de Dieu, au péril de sa vie, et s’interdirait tout repos. Lors de la bataille de Yarmouk face aux byzantins, Ikrima fit preuve d’une témérité déconcertante qui permit aux musulmans de remporter la victoire. La bataille terminée, on amena à boire à Ikrima qui était grièvement blessé, mais celui-ci voyant l’un de ses frères non loin de lui, et blessé aussi grièvement, demanda que l’on serve son frère en premier ! Le porteur d’eau fut finalement renvoyé vers un troisième soldat, avant de revenir vers le premier, pour découvrir qu’ils avaient pendant ce laps de temps tous rendus l’âme !


Rubrique: L'amour dans l'Islam