10:15 - Jeudi 18 avril, 2024

- 9. Shawwāl 1445

La véritable fraternité


عن أنس بن مالك رضي الله عنه أن النبي – صلى الله عليه وسلم – قال: لاَ يُؤْمِنُ أَحَدُكُمْ حَتَّى يُحِبَّ لاٴَخيِه مَا يُحِبُّ لِنَفْسِهِ

 [رواه البخاري ومسلم]

Anas Ibn Malik, le serviteur du Messager d’Allah, rapporte que le Prophète (paix et salut sur lui) a dit : Nul d’entre vous ne sera véritablement croyant, tant qu’il n’aimera pour son frère ce qu’il aime pour lui-même.’ [Al Boukhari & Mouslim]

Abou Hourayra rapporte que l’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) a dit : ‘ne vous jalousez pas, ne surenchérissez pas sur la vente les uns sur les autres, ne vous haïssez pas, ne vous tournez pas le dos, que personne d’entre vous ne cherche à acheter au détriment de l’autre, et soyez serviteurs de Dieu, tous frères. Le musulman est le frère du musulman, il ne lui fait pas subir d’injustice, ni ne l’abandonne, ni ne lui ment et ni ne le méprise.’ Puis indiquant trois fois sa poitrine, il continua :‘La crainte de Dieu (taqwa) se trouve là ! Il suffit [comme mal] de mépriser son frère musulman. Tout est sacré chez le musulman : son sang, ses biens, et son honneur.’ [Mouslim].

Ces hadiths sur l’esprit de fraternité en Islam, tous deux tirés du recueil de l’Imam Al-Nawawi, constituent un principe très fort de la société musulmane, et leur mise en pratique en assure mieux que tout, l’équilibre parfait et l’harmonie. Le Prophète (paix et salut sur lui) nous enseigne ici que la bonne pratique cultuelle ne suffit pas à nous garantir une foi parfaite. Nous apprenons ainsi que la dimension sociale revêt une importance particulière en Islam, à tel point que le Prophète(paix et salut sur lui) remet en cause la croyance de celui qui n’aime pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. Autrement dit, le croyant se doit de traiter les autres comme lui-même aimerait être traité, mais il doit également penser aux conséquences de chacune de ses actions ou paroles sur les autres lorsqu’il entreprend quelque chose et ce, dans un souci de préservation de l’intérêt général. Le fait d’agir en contradiction avec ce principe n’annule pas la foi, mais représente un défaut de taille qu’il faut s’efforcer de corriger, car il mène à d’autres défauts comme l’égoïsme, la jalousie, l’envie, qui s’ils ne sont pas contrôlés sont incompatibles avec la foi musulmane.

Ces hadiths englobent les notions de loyauté, de respect, d’assistance, d’entraide, de solidarité, sans lesquels les sociétés ne peuvent perdurer. La fraternité que prône l’Islam est en opposition avec les valeurs actuelles d’égoïsme et de matérialisme, ou chacun ne pense qu’à défendre ses propres intérêts, et son confort personnel au détriment de l’équilibre social.

Le musulman se doit donc, plus que tout autre citoyen, d’avoir le souci de participer au bon équilibre et au bon développement de la société, sans jamais être la cause de la propagation du désordre, de la corruption, ou de la haine entre les gens. De plus cet effort doit se faire sans attendre le moindre retour, mais uniquement dans l’espoir de plaire à Dieu. Aussi, précisons que de nombreux textes prouvent très clairement que ces grands principes islamiques d’honnêteté, de droiture, de sincérité, de solidarité, de justice et de générosité doivent être appliqués envers tout être vivant, indépendamment de sa religion, de sa couleur ou de son rang social. Dieu a ainsi blâmé l’attitude de certains, parmi nos prédécesseurs qui estimèrent que ces principes ne s’appliquaient qu’aux seuls gens de leur communauté et de leur peuple, et que vis-à-vis des autres tous les coups étaient permis ; tout en rappelant que d’autres parmi eux avaient bien compris l’universalité de ces principes : Parmi les gens du Livre, il y en a qui, si tu lui confies un quintal (lingot d’or), te le rend. Mais il y en a aussi qui, si tu lui confies un dinar (quelques sous), ne te le rendra que si tu l’y contrains sans relâche. Tout cela parce qu’ils disent : Ces gens qui n’ont pas de livre n’ont aucun chemin pour nous contraindre. Ils profèrent des mensonges contre Dieu alors qu’ils savent. Au contraire, quiconque remplit sa promesse et craint Dieu… Dieu aime les pieux [3;75-76].

On constate pourtant aujourd’hui, que même entre eux, les musulmans ont du mal à appliquer cette recommandation, et l’on voit trop souvent l’inimité et la rancœur pénétrer et se répandre au sein de notre communauté, les sentiments de nationalismes exacerbés ressurgir régulièrement, tout comme les rivalités entre personnes de différentes couleurs, alors que le Prophète (paix et salut sur lui) a fermement condamné cela. Les anciens manquent souvent de patience envers les plus jeunes, et ces derniers n’ont plus de respect pour les plus âgés. Mais plus étrange encore, on constate cette même rivalité chez ceux qui paraissent être les plus pratiquants et les plus savants d’entre nous. Ceux-là même qui condamnent toutes ces attitudes précédemment cités, se combattent au nom de la religion, faisant passer l’appartenance à un groupe au-dessus du devoir de fraternité ! Chaque groupe critiquant les autres, s’évitant, affirmant détenir la vérité absolue, et enseignant à leurs adeptes l’attachement au groupe plutôt que l’esprit d’ouverture, de tolérance et de fraternité. Allah nous rappelle pourtant que ‘Les croyants ne sont que des frères. Établissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde.’ [49;10]

Cette diversité d’origines, de caractères et de sensibilités est une chose tout à fait naturelle, et est même une miséricorde de notre Seigneur. Il est aussi naturel de se sentir plus proche d’un courant de pensée que d’un autre, de débattre, d’être en désaccord, mais cela ne doit pas être cultivé jusqu’à mener à la rupture, au boycott et à la haine ; ce n’était pas l’attitude des compagnons en cas de désaccord : ‘Il n’est pas permis à un musulman de rompre avec son frère plus de trois jours’ [Mouslim].

Il convient donc d’agir dans le sens du hadith, et de mettre en pratique les recommandations de notre Prophète (paix et salut sur lui) visant à développer l’amour et l’unité entre les gens, plutôt que de nourrir la division et le mépris. Cela par des choses simples comme le fait de passer le salam, sourire à ses frères, s’enquérir de leurs nouvelles, les assister en cas de besoin, ou encore garder le silence en cas de conflit et ce, alors même que l’on a raison ; et tout cela fait partie des Sounnah du Prophète (paix et salut sur lui) alors que tout ce qui implique la division et l’inimité n’est que pure innovation.


Rubrique: Leçons prophétiques