Dans notre précédent article, nous avions tenté de donner un aperçu général sur la croyance au destin qui, rappelons-le, constitue le sixième et dernier pilier du credo musulman. Comme nous l’avions vu dans le hadith rapporté par Al Boukhari sur la venue de l’ange Gabriel qui questionna le Prophète paix et salut sur lui en vue d’enseigner l’Islam à ses compagnons, la croyance au destin implique d’y croire en bien comme en mal tout en sachant que Dieu dont le Savoir est absolu, crée toute chose avec Sagesse, selon un but précis, même si ses desseins peuvent parfois nous échapper. Il est auprès de Nous (le Coran), dans l’écriture-Mère (l’écriture Originelle), sublime et rempli de sagesse [43;4]. Nous avions vu aussi que l’être humain n’est point dépourvu de libre arbitre et c’est justement sa liberté de choix contrairement aux animaux ou aux anges qui l’oblige à assumer ses actes devant Allah le Jour du Jugement. Ceci étant, nous continuons incha Allah notre exposé en présentant maintenant les fondements et ramifications de cette croyance selon le Livre et la Sounnah.
Al Qadar. Ibn Hajar a défini la prédestinée (Qadar) comme étant le Savoir préalable de Dieu Tout Puissant sur chaque chose : Allah connait le sort de toute chose avant même qu’elle n’existe et le moment où elle se réalisera comme rapporté dans le hadith : Au début Dieu créa la Plume (qalam) et lui dit : écris. La plume répondit : que dois-je écrire ? Allah lui dit : écris ce qui était et ce qui sera jusqu’à l’éternité [Al Tirmidhi]. Ce Savoir Éternel et Absolu est donc consigné dans le moindre détail sur la Table Préservée (Lawh al mahfouz), de la durée de vie d’une simple fourmi, de sa subsistance ou encore du nombre de pas qu’elle parcourra sa vie durant, à la création des cieux et de la Terre, à leurs proportions, aux lois régissant l’univers, au nombre d’êtres humains qui peupleront la terre jusqu’au jour Dernier, etc.Mais c’est plutôt un Coran glorifié, préservé dans un Registre (auprès d’Allah) [85;21-22]. L’existence d’une chose découle donc de Son Savoir, absolu et éternel, de Sa Toute Puissance et de Sa Volonté. Tout ce qui existe ou n’existe pas est ainsi en conformité avec ce Savoir Éternel.
… wa-l-Qada. Quant au Décret Divin al Qada, il signifie dans la langue arabe juger, décréter. Pour certains savants tels que Ibn Battal, Ibn al Athir, Al Khattabi, le Décret Divin c’est la création, autrement dit l’acte de création du Très Haut découlant de Son Savoir Eternel (ou prédestinée). Pour reprendre la parole d’Ibn al Athir et éclairer quelque peu notre propos : la prédestinée (Qadar) constitue donc la base et le Décret Divin (Qada) l’édifice, gardant en tête que le Décret Divin, ou pourrions nous dire le jugement final, est toujours en conformité avec le Savoir Eternel. Cette opinion tire sa légitimité de plusieurs versets du Coran, par exemple : Il décréta (Qada) d’en faire sept cieux en deux jours et révéla à chaque ciel sa fonction [41;12]. Le décret ici a le sens de créer : Il-Exalté Soit-Il-créa les sept cieux en deux jours. L’essentiel à retenir est que le qadar et le qada sont liés et indissociables. Ils ne peuvent être opposés ou se contredire, l’un étant le savoir éternel et global consigné sur la Table préservée et l’autre l’application, la réalisation de ces principes universels dans leurs détails.
Les fondements de la croyance au destin. Les savants ont mis en évidence quatre principes définissant cette croyance afin d’écarter toute ambiguïté. Il se peut en effet que nous disions croire au destin mais dans le même temps, du fait de notre ignorance de ses principes fondamentaux ou d’une compréhension erronée, nous prêtions à Allah ce dont nous n’avons aucune connaissance. Ces principes sont : la croyance à l’omniscience d’Allah, la croyance en la Table Préservée, la croyance en la volonté accomplie d’Allah qui, lorsqu’Il veut une chose dit ‘sois’ et elle est, et enfin la croyance qu’Allah est le Créateur de toute chose. Nous les étudierons plus en détail le mois prochain si Dieu le veut.
Et Allah est plus Savant.
