0:02 - Samedi 4 mai, 2024

- 24. Shawwāl 1445

Joseph [Youssouf] (3/3)


Les années passèrent, et la région connut une grande famine, comme Joseph l’avait annoncé au roi. Il avait fait stocker des réserves de grains pour faire face à cette période difficile. Jacob envoya ses fils en Égypte pour acheter des vivres. Ces derniers entrèrent auprès de Joseph, qui les reconnut, tandis qu’eux, ne le reconnurent pas puisqu’il n’était qu’un enfant lorsqu’ils l’avaient abandonné.

Joseph s’entretint avec eux sans dévoiler son identité et leur donna ce dont ils avaient besoin. Il leur fit part de son envie de rencontrer leur jeune frère, Benjamin, et posa cela comme condition au cas où ils voudraient de nouveau venir s’approvisionner en Égypte. Il fit de plus remettre dans leurs sacs leur monnaie d’échange afin de s’assurer qu’ils reviennent.

De retour chez eux, les fils de Jacob parlèrent à leur père de ce noble ministre, et de la condition fixée, pour pouvoir de nouveau se ravitailler chez lui. Jacob refusa d’abord de laisser partir le jeune frère de Joseph, mais quand ses fils s’aperçurent qu’on leur avait rendu leurs biens ; Jacob y vit un signe et autorisa finalement Benjamin à quitter le foyer familial.

Dès que les fils de Jacob revinrent en Égypte, Joseph prit à part Benjamin et lui dévoila son identité, lui raconta son histoire et le somma de ne rien dire à ses frères. Par ruse, et sans mentir, parce qu’il ne pouvait faire autrement, Joseph réussit à garder son frère auprès de lui. Il le fit inculper pour vol. Ses frères furent alors pris de remords et d’angoisse : pour la deuxième fois, ils avaient trahi leur engagement vis-à-vis de leur père et perdu l’un de ses fils. Leur aîné, celui-là même qui les avait auparavant dissuadé d’assassiner Joseph, eut tellement honte de comparaître devant son père qu’il jura de rester en Égypte jusqu’à ce Jacob l’autorise à revenir ou que Dieu juge en sa faveur.

Ils rentrèrent donc, têtes basses et honteux d’avoir à annoncer à leur père la triste nouvelle. Celui-ci souffrait déjà énormément depuis des années de la perte de son fils, même s’il restait convaincu au fond de lui qu’il le reverrait un jour.  Le Coran nous apprend que Jacob souffrait tellement de la disparition de Joseph,  qu’il perdit la vue de tristesse. Après s’en être remis à Dieu, il reprit espoir et ordonna à ses fils de retourner en Égypte pour réclamer la libération de Benjamin et enquêter sur Joseph, se disant en lui-même : O belle patience, peut-être Dieu me les ramènera-t-Il tous, Il est Omniscient et Sage ! (12;83).  Tout comme son fils Joseph, Jacob ne s’est pas rebellé contre sa destinée. Il savait comme cette vie d’ici-bas est courte comparée à celle de l’au-delà, combien Allah est Sage et Juste et comme est immense la récompense de ceux qui font preuve de patience dans l’épreuve.

Les fils de Jacob obéirent à leur père et regagnèrent l’Égypte. Ils se présentèrent devant le ministre, s’humilièrent devant lui, et le supplièrent de libérer leur jeune frère. Pris de pitié devant cette scène, et ayant constaté que ses frères avaient changé, Joseph dévoila sa véritable identité. Le choc des frères fut grand et ils comprirent alors, comme leur père avait eu raison de le préférer à eux, et comment Dieu l’avait favorisé et protégé. Ils demandèrent pardon à Joseph et celui-ci leur pardonna ! Ils implorèrent ensuite le pardon de leur père, qui leur accorda également et qui demanda à Allah de leur pardonner.

Joseph invita alors son père et le reste de sa famille à rejoindre l’Égypte. Toute la famille de Jacob s’inclina devant le ministre et  fut traitée avec respect et égard par tous les égyptiens. Joseph adressa une belle prière remerciant Dieu de la belle vie qu’Il lui avait donné et demanda de mourir d’une belle mort dans la soumission et la reconnaissance envers Lui. Tout le peuple d’Égypte pleura la mort de Joseph et se souvint de sa droiture et de sa bonté. Que la paix soit sur Jacob, sur Joseph et leur famille !

 

Des points à retenir :

1 - Le croyant se doit d’être prévoyant, et de se préparer à affronter l’adversité lorsqu’elle se fait sentir.

2 - Les prophètes ont tous connu le chagrin et la tristesse, mais ils n’ont cependant jamais désespéré de la miséricorde Divine : Seuls les gens mécréants désespèrent de la miséricorde Divine [12;87].

3 -  La miséricorde des prophètes, comme celle de leur Seigneur, prend le dessus sur leur colère. Et c’est ainsi, que les musulmans devraient pardonner à ceux des leurs qui leur ont fait du mal, lorsque ces derniers font amende honorable :Qu’ils pardonnent et absolvent, n’aimeriez-vous pas que Dieu vous pardonne ? Il est certes, Pardonneur et Miséricordieux. [24;22]

4 - On espère le pardon pour les frères de Joseph, étant donné que leur père et leur frère leur ont pardonné, et qu’ils ont intercédé pour eux afin qu’Allah leur pardonne : Ceux qui, s’ils ont commis quelque turpitude ou causé quelque préjudice à leurs propres âmes, se souviennent de Dieu et demandent pardon pour leur péchés – et qui est-ce qui pardonne les péchés sinon Dieu ?’ [3;135]

5 - Celui qui s’arme de piété et fait preuve de patience [doit savoir] que Dieu ne fait pas perdre leur récompense aux bienfaisants [12;90], Et le dénouement heureux est réservé aux gens pieux [11;49].

Et Allah sait mieux !


Rubrique: Les histoires des prophètes