5:19 - Samedi 4 mai, 2024

- 25. Shawwāl 1445

Joseph [Youssouf] (2/3)


Les années passèrent, et Joseph devint un garçon intelligent et sage. Qui plus est, il était le plus beau des jeunes hommes de son âge et il reçut le don d’interpréter les rêves. Zuleykha, la femme qui l’avait recueilli commença à s’éprendre de lui. Un jour, alors que son mari était absent, elle se parât du mieux qu’elle le put, et elle était semble-t-il une femme d’une grande beauté ; elle appela le jeune serviteur à sa chambre et s’offrit tout bonnement à lui. Joseph fut abasourdi : Comment pouvait-il répondre à ces avances, désobéir à Dieu, se souiller et de plus, trahir celui qui l’avait traité comme son fils ! Il recula alors, puis chercha à s’enfuir. Elle, tenta de le retenir en agrippant sa chemise, qui se déchira ; puis ouvrant la porte de la maison, Joseph tomba nez à nez avec son maître, Qotiphar (ou Potiphar), qui rentrait chez lui, accompagné d’un ami.

La femme ne laissa pas alors à Joseph le temps de s’expliquer et prétendit que celui-ci avait tenté d’abuser d’elle. Joseph objecta qu’il était innocent et que c’est elle, qui avait essayé de le séduire. Le mari connaissait la vertu de Joseph, et comprit après avoir analysé brièvement la situation que c’était bel et bien son épouse qui était fautive.

Zouleykha, réitéra à plusieurs reprises ses avances mais Joseph ne cédait pas. Elle le menaça finalement d’emprisonnement s’il n’obtempérait pas. L’affaire s’ébruita dans la ville, et Joseph devint malgré lui, une source de sédition. Il savait qu’il n’était qu’un être humain, et craignait de tomber dans le péché.  Aussi s’en remit-il à Dieu et implora Son aide : O mon Dieu, je préfère encore la prison plutôt que de répondre à leurs avances ! (12;33).

Son invocation fut exaucée : Son Seigneur l’exauça donc, et éloigna de lui leur ruse. C’est Lui, vraiment, qui est l’Audient et l’Omniscient. (12;34). Le maître de Joseph consulta ses proches, ils évaluèrent la situation et décidèrent de faire emprisonner Joseph afin de mettre un terme aux rumeurs et de préserver leur honneur. Pour la seconde fois, Joseph se retrouva seul et emprisonné, sans qu’il n’ait pour autant de crime à se reprocher. Cela ne l’amena cependant jamais à avoir de mauvaises pensées envers Dieu, où à se demander pourquoi le destin « s’acharnait’ » contre lui.  Au contraire, ces épreuves étaient pour lui tel un parcours initiatique, qui ne faisaient que le rapprocher d’avantage de son Seigneur.

De longs mois s’écoulèrent.  Arrivèrent en prison deux employés du roi d’Égypte. Chacun d’eux vit, durant une même nuit, un rêve étrange. Ils en parlèrent à leurs codétenus, qui leur conseillèrent de soumettre leurs visions à Joseph, ce qu’ils firent aussitôt. Joseph profita du fait qu’on le sollicite pour leur parler, de manière claire et concise, du Dieu Qui lui avait accordé cette faculté, de son unicité et de son pouvoir absolu et de l’illogisme de l’idolâtrie. Il leur expliqua ensuite, leurs rêves et dit au premier qu’il serait exécuté, au second qu’il serait libéré et il en fut ainsi. Il demanda à celui des deux qui allait être libéré de parler de lui au roi, mais celui-ci oublia.

Des années plus tard, tandis que Joseph demeurait en prison, le roi d’Égypte eut à son tour une vision qui l’inquiéta. Il en fit part à ses proches, mais aucun d’eux ne sut interpréter son rêve. C’est alors seulement, que l’homme qui était sorti de prison se souvint de Joseph et parla de lui au roi. Joseph accepta d’expliquer le rêve du roi à condition qu’une enquête soit ouverte et que lumière soit faite sur son innocence. Les femmes furent interrogées. Pleines de remords, elles avouèrent leur culpabilité et innocentèrent le vertueux Joseph.

Le roi déjà étonné de l’explication que Joseph avait apporté à son rêve ; le fut d’autant plus lorsqu’il entendit l’histoire de ce jeune homme, sa détermination face à la tentation et à l’injustice  Ayant fait ses preuves, Joseph proposa ses services au roi, et fut nommé responsable des dépôts du pays. Ainsi Joseph l’étranger qui était arrivé comme esclave, devint un ministre, bientôt reconnu et aimé de toute l’Égypte.

 

Des points à retenir :

1) Les périodes s’alternent dans la vie du croyant : la quiétude suit l’adversité et après chaque « coup du destin » provient une période de paix et d’accalmie.

2) Il arrive que des croyants vertueux se voient accuser des pires infamies, comme ce fut le cas d’Aïcha ou de Marie. Mais s’ils font preuve de patience et de piété, c’est Allah qui rehaussera leur réputation et fera apparaître manifestement leur vertu.

3) La religion c’est la nassiha [Mouslim], comme disait notre Prophète, paix et salut sur lui. Et la nassiha c’est le fait d’avoir constamment une bonne opinion de Dieu, de ses Livres, de Ses Messagers, et de l’ensemble des croyants. Nous devons donc toujours avoir à l’esprit qu’Allah est Bon et jamais injuste avec ses serviteurs.

4) C’est un signe d’amour pour Allah et de foi sincère en Lui, que de parler de Lui, avec sagesse et concision, par une belle exhortation, dès que l’occasion se présente, à ceux qui ne Le connaissent pas ou qui L’oublient.

5) C’est un signe de grandeur d’âme que de ne pas se rabaisser et s’humilier devant les puissants, du simple fait de leur position, et de savoir leur réclamer avec politesse ses droits.

6) Ce n’est pas un péché que de solliciter l’aide des hommes lorsque dans le cœur est ancré la certitude que le bien ne viendra que par la permission Divine.

Et Allah sait mieux !


Rubrique: Les histoires des prophètes