8:20 - Samedi 20 avril, 2024

- 11. Shawwāl 1445

Jésus fils de Marie [‘Issa Ibn Mariam] (2/3)


Aucun dévot ne pouvait égaler Marie dans sa ferveur et sa dévotion. Les vieux savants l’enviaient et même Zacharie était étonné devant sa piété et son ascétisme.  Or il y a deux formes d’envie. La jalousie permise, c’est celle qui consiste à obtenir la même faveur que son frère sans que celle-ci lui soit diminuée. Et la jalousie interdite c’est celle qui consiste à haïr celui qui nous devance, à penser du mal de lui et à souhaiter qu’il soit humilié et privé des bienfaits dont Allah l’a comblé. Marie connaissait l’état spirituel de ses contemporains, et savaient comme ils s’empresseraient de l’accuser, lorsqu’ils apprendraient qu’elle était enceinte.

Elle rentra au temple. Les mois passèrent, et les signes de sa grossesse se firent voir. Le premier à s’en apercevoir était un jeune homme pieux qui s’appelait Joseph. Wahb Ibn Mounnabih, rapporte à cet effet que ce Joseph vint trouver Marie pour l’interroger pudiquement : O Marie, la culture est-elle possible sans semence ? – Oui, répondit-elle, et qui donc a crée la première culture. Puis il demanda : Un arbre peut-il pousser sans eau et sans pluie ? – Oui, reprit la jeune femme, et qui donc a crée le premier arbre. Peut-on avoir un enfant sans père ? continua Joseph. – Oui, dit Marie, Allah a bien crée Adam sans père et sans mère. Joseph dit : Que t’arrive-t-il ô Marie ? Elle répondit : Allah m’a annoncé la bonne nouvelle d’une parole de sa part, son nom sera le Messie, Jésus fils de Marie, illustre dans ce monde comme dans l’autre, et l’un des proches d’Allah. Il parlera aux gens dans son berceau et sera dans en son âge mûr parmi les bonnes gens [3;45-46].

La nouvelle se répandit vite, et la plupart des faux dévots saisirent l’occasion pour médire de la jeune vertueuse et la calomnier. Aussi, décida-t-elle de s’enfuir. Elle quitta donc la ville, et demeura ainsi quelques mois, jusqu’à ce qu’elle fut prise des douleurs de l’enfantement. Elle accoucha seule de son enfant, sous la bienveillance Divine. L’enfant dans ses bras, Marie reçut l’ordre de retourner à Jérusalem, et de ne prononcer jusqu’à son retour aucune parole. Notons que si le jeûne de la parole était permis en cette époque, l’Islam l’a depuis proscrit. La jeune mère reprit donc la route vers la cité.

L’annonce de son retour fit rapidement le tour de la ville et les gens s’attroupèrent devant le Temple. Puis elle vint auprès des siens en le portant [le bébé]. Ils dirent : Ô Marie, tu as fait une chose monstrueuse ! Sœur d’Aaron, ton père n’était pas un homme mauvais et ta mère n’était pas une dévergondée [19;27-28]. D’après un hadith que rapportent Mouslim et Ahmad, les gens avaient coutume en ce temps, de se surnommer par les noms des prophètes et des saints ayant vécu avant eux ; et Marie n’était évidement pas la sœur du prophète Aaron frère de Moïse, si ce n’est par la piété et la foi qui étaient siennes ! La jeune femme muette, fit alors un signe vers lui [le bébé]. Ils dirent : Comment parlerions-nous à un bébé au berceau ? *Mais [le bébé] dit : Je suis vraiment le serviteur d’Allah. Il m’a donné le Livre et m’a désigné Prophète. * Où que je sois, Il m’a rendu béni ; et Il m’a recommandé, tant que je vivrai, la prière et la zakat ; * et la bonté envers ma mère. Il ne m’a fait ni violent ni malheureux. *Et que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant [29-33]. Ce fut évidement un grand miracle, qui emplit d’effroi les témoins de la scène.

Allah dit : Puis les sectes divergèrent entre elles. Certains persistèrent à prétendre que Jésus était un enfant du péché, d’autres prétendirent qu’il était l’incarnation de Dieu, ou encore son fils, et ceux qu’Allah voulut guider, reconnurent en lui le serviteur d’Allah, son messager et le Messie qu’ils attendaient.

Jésus grandit et fut tel qu’Allah l’a décrit. Allah lui révéla l’Evangile et lui permit d’opérer de grands miracles.

Accompagné de son cousin Jean fils de Zacharie, Jésus prêchait les gens, rappelant les fondements et l’esprit de la religion. Ils appelèrent leur peuple à aimer Allah plus que tout, à faire preuve de compassion envers leur prochain, à prendre soin des démunis, et à délaisser les fausses croyances et les innovations. Tel était le message de Jésus fils de Marie, selon ce qu’a rapporté Abou Al Hassan Al Nadwi.


Rubrique: Les histoires des prophètes