20:57 - Jeudi 28 mars, 2024

- 18. Ramaḍān 1445

L’épreuve du savoir


savoirLa sourate des gens de la caverne nous narre l’histoire de la rencontre de Moussa avec Al Khadir. Quiconque la médite trouvera dans cette rencontre une série de leçons riches en enseignements. Rappelons tout d’abord son contexte : aussitôt informé de la présence sur terre d’un homme disposant d’un savoir particulier de la part de Dieu ‘l’un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous’ [18;65], le grand Prophète de son époque, Moussa bien que déjà âgé, s’est mis à la recherche de cet individu que beaucoup considèrent comme étant un prophète. Moussa rencontra l’homme en question, Al Khadir, et lui demanda humblement la permission de l’accompagner pour être son disciple. Par sa détermination, il avait compris la valeur du savoir. Cela nous démontre que la quête du savoir doit être menée à tout âge et à tout moment, quelle que soit notre position, si importante soit-elle, et nécessite des efforts et des sacrifices. Par ailleurs, Dieu dit : ‘On ne vous a donné que peu de connaissance’ [17;85]. En effet, nous n’avons pas fini de découvrir les sagesses contenues dans le Coran malgré 1400 années d’études ; tout comme le monde dans lequel nous vivons n’a pas fini de nous livrer jour après jour ses secrets. En outre, l’Islam encourage la recherche du savoir qui – une fois compris et appliqué avec clairvoyance et sincérité – permet de s’élever et de se rapprocher d’Allah. L’aspirant au savoir doit rechercher Dieu et bien sûr pour se rapprocher de Lui doit se doter de ténacité, de courage et de persévérance dans cette quête. Le Prophète (paix et salut sur lui)a dit ‘celui qui emprunte le chemin du savoir Dieu lui facilite l’accès au Paradis’ [Mouslim]. Et pour qu’il soit bénéfique, le savoir doit aller de pair avec l’action : le croyant doit les faire interagir au risque de tomber dans l’hypocrisie (savoir sans actes) ou dans l’innovation (actes sans savoir). Le Prophète (paix et salut sur lui)invoquait souvent Dieu en ce sens : Ô Allah, je te demande un savoir utile, une bonne subsistance et une œuvre agréée [Ibn Majah : Sahih]. Cette invocation montre bien le lien entre le savoir d’une part, le gain de biens licites et l’action d’autre part.

Al Khadir va accepter la compagnie de Moussa, mais va lui fixer des conditions : Si tu me suis, dit [l’autre,] ne m’interroge sur rien tant que je ne t’en aurai pas fait mention [18;70]. Allah lui a donc accordé un savoir de Sa part, un savoir supérieur qui n’est pas accessible dans les livres révélés. Cependant, il faut garder à l’esprit que nous ne pouvons pas accéder à ce genre de savoir et nous devons nous méfier des imposteurs qui agissent à l’encontre des préceptes révélés et de la Sounnah en prétendant disposer d’un savoir particulier qu’ils reçoivent en rêve ou autre.

Dieu, par l’intermédiaire d’Al Khadir, fit donc vivre à Moussa trois expériences singulières [versets 71 à 78]. Moussa ne put s’empêcher de réagir face à ce qu’il percevait comme des injustices flagrantes du point de vue de la Révélation, de la raison et du bon sens. Notre Prophète Mohammad (paix et salut sur lui)a regretté que Moussa n’ait pas réussi à patienter ce qui nous aurait permis à nous aussi d’en savoir plus sur les actes d’Al Khadir. En réalité toutes ces expériences cachent une sagesse profonde : derrière tout malheur apparent que vit le croyant ou la croyante se trouve en fait un bien de la part d’Allah [versets 79 à 82]. D’après Souhayb Ibn Sinan le Messager de Dieu (paix et salut sur lui)a dit : Ce que l’affaire du croyant est étonnante ! Son affaire ne comporte (pour lui) que du bien, et cette faveur n’appartient qu’au croyant : s’il est l’objet d’un événement heureux, il remercie Dieu et c’est pour lui une bonne chose, s’il est victime d’un malheur, il l’endure avec patience et c’est là encore pour lui une bonne chose. [Mouslim]

Cette rencontre fait ainsi l’éloge de la quête du savoir par le croyant et met aussi l’accent sur l’humilité et la patience desquelles doit se doter l’aspirant. Pour autant, l’étudiant ne doit jamais se départir de son esprit critique, ni renoncer à ses valeurs morales ; il doit au contraire ne pas hésiter à exprimer son incompréhension lorsque cela est nécessaire. De plus, e récit nous permet de comprendre que tout savant a ses propres limites du fait de ses capacités et de son caractère. Al Khadir dit à Moussa en voyant un oiseau boire quelques gouttes d’eau dans la mer : Ô Moussa, sache que ma science et la tienne sont équivalentes, dans la science divine, à la gorgée d’eau que vient de boire cet oiseau. Malgré toute la connaissance dont disposent les oulamas, ils trouveront des personnes plus érudites ou intelligentes. Dieu dit : Au-dessus de tout détenteur de savoir, il y a Plus connaisseur ! [12;76]. Enfin, ce récit est un réconfort pour le croyant, car il nous apprend que tout ce qui nous arrive provient de la sagesse de Dieu et que la patience est une clef pour accepter ce qui a été décrété.


Rubrique: Sourate Al Kahf