11:11 - Jeudi 28 mars, 2024

- 18. Ramaḍān 1445

L’épreuve de la foi


foiL’histoire des gens de la caverne relatée dans la sourate du même nom s’est déroulée dans une cité alors incroyante, Al Raqim – qui correspond certainement à Petra en actuelle Jordanie et dont le nom nabatéen était Reqem -, dans la période dite de fatra, entre les prophètes Jésus et Mohammad. Durant ces siècles, la foi monothéiste pure – que nous appelons Islam – avait presque totalement disparu de la surface du globe.

Le Coran nous apprend qu’un groupe de quelques jeunes gens crurent en Allah l’Unique. Le plus vraisemblable est qu’ils adhérèrent au message originel de Jésus, et rejetèrent secrètement la religion des romains qui dominaient alors la région. Nous ne savons par contre pas comment le Message leur parvint.

Les exégètes nous rapportent que c’est à l’occasion d’une cérémonie organisée dans la cité en l’honneur des divinités païennes, à laquelle ils ne participèrent pas, que ces croyants se rencontrèrent. Ils se seraient retrouvés auprès d’un arbre auprès duquel ils auraient chacun à leur tour fait profession de foi devant le reste du groupe.

Ces jeunes gens durent faire face à l’hostilité et au rejet de leurs familles et de leurs peuples à l’instar d’Abraham, et des compagnons du Prophète (paix et salut sur lui) dont beaucoup vécurent des situations similaires. Et c’est souvent le lot des « convertis » dont la démarche remet, implicitement ou explicitement, en cause les fondements sur lesquels reposent les familles ou les sociétés. Abraham dit : En effet, c’est pour cimenter des liens entre vous dans la vie présente, que vous avez adopté des idoles, en dehors de Dieu…. [29;25].

Etant donné leur situation de faiblesse et d’impuissance d’une part, et vu leur sincérité d’autre part, Allah voulut faire d’eux un exemple pour la postérité. Il leur inspira : réfugiez-vous dans la caverne: votre Seigneur répandra de Sa miséricorde sur vous et disposera pour vous un adoucissement à votre sort [18;16].

C’est dans cette caverne d’abord inconfortable et d’apparence peu attrayante que ces jeunes gens trouvèrent quiétude et réconfort. Ils s’y assoupirent et dormir de façon miraculeuse pendant 309 années lunaires (qui correspondent à 300 années solaires, d’où la tournure coranique « 300 ans et 9 »). À leur réveil, les jeunes ne se doutaient absolument pas de ce qui s’était passé. Aussi, désignèrent-ils l’un des leurs pour que celui-ci se rende incognito dans la cité afin d’apporter une nourriture « pure » au reste du groupe : Envoyez donc l’un des vôtres à la ville avec votre argent que voici, pour qu’il voit quel aliment est le plus pur et qu’il vous apporte de quoi vous nourrir. Qu’il agisse avec tact ; et qu’il ne donne l’éveil à personne sur vous. Si jamais ils vous attrapent, ils vous châtieront ou vous feront retourner à leur religion, et vous ne réussirez alors plus jamais (19,20).

Les visages, le paysage, la langue, les habitudes vestimentaires et la monnaie avaient évidemment changé depuis le temps. Le jeune homme, malgré toutes les précautions qu’il avait prises, attira l’attention sur lui et dut narrer son histoire. Les gens de la cité découvrirent avec stupéfaction le miracle qui s’était produit. Les « gens de la caverne » ne survécurent que peu de temps. Les habitants de la cité décidèrent de construire un sanctuaire au niveau de la caverne qui leur servit de sépulture.

Comme le confirme le Coran, cet évènement constitue une chose totalement extraordinaire (9). Allah veut montrer à travers ce récit, aux compagnons du Prophète (paix et salut sur lui) et à ceux qui après connaîtront les difficultés, le rejet ou la violence du fait de leur conversion, qu’Il est capable de leur accorder une issue favorable, dès lors que les croyants respectent deux conditions que sont la piété et la patience loin de toute violence et de toute précipitation. Parfois cette issue nécessite de s’exiler, comme dans le cas d’Abraham : Et quiconque émigre dans le sentier de Dieu trouvera sur terre maints refuges et abondance [4;100]. Parfois Allah accorde le dessus aux croyants comme dans le cas des compagnons à qui Il dit : Allah a promis à ceux d’entre vous qui ont cru et fait les bonnes œuvres qu’Il leur donnerait la succession sur terre… [24;55]. À certaines époques, Allah dans Sa sagesse, choisi de ramener à lui ses adeptes pour les faire entrer au Paradis avec tous les honneurs. Ce fut le cas des gens de Oukhdoud au Yémen, qui préférèrent périr que de renoncer à leur foi, comme le Coran le rapporte dans la sourate 86 et également celui des sorciers de Pharaon qui se convertirent et durent faire face à la colère du tyran. Allah dit : Ainsi faisons-Nous alterner les jours (et les époques) bons et mauvais parmi les gens, afin qu’Allah distingue ceux qui ont cru… [3;140].

Ce récit met aussi en évidence le fait que les jeunes gens pas encore totalement construits socialement sont souvent plus prompts à adhérer au Message. Finalement le Coran conclut leur récit en disant : Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Son visage, que tes yeux ne se détachent point d’eux, en cherchant les artifices de la vie sur terre… [18;28], pour souligner l’importance qu’il y a, à s’attacher à des croyants présentant des signes de piété et de sincérité afin de surmonter les épreuves, de trouver du soutien et du réconfort et afin de ne pas flancher.


Rubrique: Sourate Al Kahf