2:45 - Jeudi 25 avril, 2024

- 16. Shawwāl 1445

Du poison de la jalousie


Allah Exalté rapporte les propos des frères de Youssouf lorsqu’ils dirent : Joseph et son frère sont plus aimés de notre père que nous, alors que nous sommes une bande de gaillards. Notre père est vraiment dans un tort évident. Tuez Joseph ou bien éloignez-le dans n’importe quel pays, afin que le visage de votre père se tourne exclusivement vers nous, et que vous soyez après cela des gens de bien [12;8-9]. Dans un autre passage du Saint Coran, Allah le Très Haut nous dévoile le motif du premier meurtre dans l’histoire de l’humanité : Et raconte-leur en toute vérité l’histoire des deux fils d’Adam. Les deux offrirent des sacrifices ; celui de l’un fut accepté et celui de l’autre ne le fut pas. Celui-ci dit : Je te tuerai sûrement. Dieu n’accepte, répondit l’autre, que de la part des pieux […] Son âme l’incita à tuer son frère. Il le tua donc et devint ainsi du nombre des perdants [5;27-30]. Dans chacun de ces cas, c’est la jalousie ou l’envie [hassad], qui est l’un des pires péchés du cœur, qui a poussé des individus à mal agir et à perpétrer des péchés majeurs comme le mensonge, la trahison, ou le meurtre. Ici Qabil, le fils du prophète et père de l’humanité, Adam, s’en est pris à son frère et l’a assassiné, du fait que son sacrifice avait été accepté de Dieu, tandis que le sien ne l’avait pas été ; et les fils du prophète Yaqoub, s’en sont pris à leur jeune frère Youssouf, en l’abandonnant au fond d’un puits, au milieu du désert ; du fait que celui-ci présentait des qualités morales et spirituelles supérieures aux leurs, et que de ce fait, il était plus aimé qu’eux de leur père. Leur jalousie les poussa de plus à trahir la confiance de leur père, à lui mentir et à éloigner de lui son fils chéri pendant une grande partie de sa vie : Et ils vinrent à leur père, le soir, en pleurant. Ils dirent : Ô notre père, nous sommes allés faire une course, et nous avons laissé Joseph auprès de nos effets ; et le loup l’a dévoré. Tu ne nous croiras pas, même si nous disons la vérité. Ils apportèrent sa tunique tachée d’un faux sang. Il dit : Vos âmes, plutôt, vous ont suggéré quelque chose… [Il ne me reste plus donc] qu’une belle patience ! C’est Dieu qu’il faut appeler au secours contre ce que vous racontez ! [12;16-18]. Aussi, cette jalousie, vis-à-vis de celui qui est meilleur que nous, et qui pousse l’envieux à haïr la personne enviée, est un poison pour le cœur, et pour l’œuvre de la personne ; un poison contre lequel le Coran est venu nous mettre en garde, de même que la Sounnah du Prophète, paix et salut sur lui,, afin que l’on s’en purifie. Cette maladie spirituelle, peut également entraîner des épreuves dans la vie de la personne enviée ; c’est pour cela que le Prophète, paix et salut sur lui, avait pour coutume de répéter trois fois, chaque matin et chaque soir, les sourates protectrices, notamment : Dis : Je cherche protection auprès du Seigneur de l’aube naissante, […] et contre le mal de l’envieux quand il envie [113;1-5]. Il n’y a enfin aucun doute sur le fait que cette forme de jalousie, entraînant la haine, et poussant à commettre des injustices, peut conduire la personne en Enfer, comme dans Sa Parole au sujet de Qabil : Il le tua donc et devint ainsi du nombre des perdants, c’est-à-dire, dans cette vie et dans l’autre !

Quant à la jalousie permise, dont parle l’Envoyé d’Allah, paix et salut sur lui, lorsqu’il dit : La jalousie n’est permise que vis-à-vis de deux personnes : un homme à qui Dieu a donné d’apprendre le Coran et de passer des heures de la nuit et du jour à le lire et à méditer sur son contenu et un homme à qui Dieu a donné une fortune qu’il ne fait que dépenser (dans le bien) de nuit et de jour [Al Boukhari & Mouslim], il s’agit d’une jalousie, qui n’est pas négative [al ghibta]. Ici la personne envieuse est admirative de celui qui a reçu plus de faveur, mais ne le haït pas. Elle sait que Dieu est Juste dans son partage et que celui qui reçoit plus, a normalement du faire plus d’efforts ou subir plus de peines, même si cela n’est pas apparent. Aussi l’envieux, lorsqu’il est pieux et sage, souhaite bénéficier d’autant de faveurs que la personne enviée, sans pour autant lui souhaiter le mal et la perte des bienfaits dont elle dispose.

Comment se préserver de la jalousie interdite ?

En gardant en tête, tout d’abord, qu’Allah est Juste dans son partage des bienfaits, spirituels et matériels, et que nul ne peut remettre en cause cela : Est-ce eux qui distribuent la miséricorde de ton Seigneur ? C’est Nous qui avons réparti entre eux leur subsistance dans la vie présente et qui les avons élevés en grades les uns sur les autres, afin que les uns gouvernent les autres. La miséricorde de ton Seigneur vaut mieux, cependant, que ce qu’ils amassent [43;32]. En essayant ensuite d’avoir en soi, une bonne prédisposition à l’endroit de ses frères, et en leur souhaitant le bien, et en invoquant Allah pour eux comme pour nous : Ne convoitez pas ce que Dieu a attribué aux uns d’entre vous plus qu’aux autres ; aux hommes la part qu’ils ont acquise, et aux femmes la part qu’elles ont acquise. Demandez à Dieu de Sa grâce. Car Dieu, certes, est Omniscient [4;32]. Le Prophète, paix et salut sur lui, dit à ce sujet : Aucun des vôtres ne sera véritablement croyant, tant qu’il n’aimera pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même [Al Boukhari & Mouslim].Nous devrions, donc nous réjouir lorsque nous voyons un musulman réussir mieux que nous au niveau spirituel et matériel ; demander l’aide d’Allah et retrousser nos manches pour fournir les efforts nécessaires, nous préparer à subir les épreuves obligatoires, au cas, où l’on veut rivaliser avec lui, d’une concurrence saine, loyale et vertueuse :Concurrencez-vous donc dans les bonnes œuvres [5;48]. Une concurrence dans le bien ne vise pas à obtenir une vaine reconnaissance aux yeux des gens ni non plus un poste ou une responsabilité, pas plus qu’un salaire ; elle ne vise qu’à être aimé davantage d’Allah et être plus proche de Lui. Quant à celui qui observe son frère avec haine, et refuse de fournir le moindre effort, pensant qu’il a été lésé, celui-là ne fait que remettre en cause la Justice de Son Seigneur, et se laisse prendre dans les filets du diable, que Dieu nous garde de son mal !

Et Allah sait mieux !


Rubrique: Autour de la sourate Youssouf