9:16 - Lundi 9 décembre, 2024

- 7. Jumādā al-Ākhira 1446

L’Aïd el Fitr


Anas rapporte que lorsque le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) arriva à Médine, il trouva que ses habitants célébraient deux jours de fêtes annuelles. Alors le Prophète (paix et salut sur lui) leur dit : Allah a remplacé ces deux jours par deux meilleurs. Il s’agit du jour du sacrifice et de celui de la rupture du jeûne [Abou Dawoud, Sahih].

Après un long mois d’efforts et de privations durant le Ramadan, Dieu nous a légiféré l’une des deux fêtes reconnues en Islam, qui est la fête de la rupture du jeûne ou Aïd al Fitr. Cette fête qui se veut être un réel moment de joies et de réjouissances ne doit pas pour autant être synonyme d’excès car cela reste un acte d’adoration et doit suivre certaines règles.

Dieu a voulu que ce jour soit exceptionnel pour les musulmans, il est donc de notre devoir de considérer ce jour à la mesure de ce qu’il est, en y adoptant un comportement extraordinaire.

Ainsi, afin d’être à la hauteur de cette grande occasion, il est recommandé en premier lieu d’accomplir les grandes ablutions (ghousl), même si elles n’ont pas un caractère obligatoire. Il convient de soigner au mieux son apparence en appliquant son meilleur parfum et en s’habillant de ses plus beaux vêtements. Le Prophète (paix et salut sur lui) avait d’ailleurs une tenue spéciale qu’il réservait pour cette occasion.

Le Prophète (paix et salut sur lui) a ordonné à quiconque le pouvait d’assister à cette célébration, hommes, femmes, enfants, résidents ou voyageurs. Il (paix et salut sur lui) a interdit de jeûner ce jour-là. Anas rapporte que le Messager de Dieu ne sortait, le matin de la fête de la rupture du jeûne, qu’après avoir mangé quelques dattes en nombre impair [Al Boukhari], il est donc préférable de manger avant de sortir pour la mosquée, et ce, afin de bien marquer la distinction avec les journées de jeûne qui l’ont précédé.

Une des grandes sounnah de ce jour est de multiplier les glorifications de Dieu : Afin que vous complétiez la durée du jeûne et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et peut-être atteindrez-vous la reconnaissance ! [2;185]. La majorité des savants s’accorde sur le fait que le croyant doive débuter ses glorifications dès le moment où il sort de chez lui pour se rendre à la mosquée, jusqu’à l’arrivée de l’imam. Il n’existe pas de formule spécifique, consacrée pour l’occasion.

Hormis la prière de salutation de la mosquée qui reste permise lorsqu’on ne célèbre pas l’Aïd en plein air, il n’est pas rapporté que le Prophète (paix et salut sur lui) accomplissait d’autres prières que celle de la fête, avant ou après celle-ci. Dans l’attente de la prière de l’Aïd, il est donc souhaitable de s’en tenir aux glorifications d’Allah, seul ou en groupe. Aussi, il est obligatoire pour le croyant de s’acquitter de l’aumône de la rupture du jeûne (zakat al fitr) avant le début de la prière, sans quoi elle ne sera pas acceptée et sera considérée comme une simple aumône. Le but étant que tout le monde puisse se réjouir durant ce jour. Al Bayhaqi, Al Daraqotni, et Ibn Sa’d rapportent un hadith concernant cette aumône : Dispensez-les (les pauvres) d’aller travailler le jour de l’Aïd, en leur faisant parvenir la zakat [Daïf].

Le temps de la prière débute lorsque le soleil s’est totalement levé [chouroq] et se termine lorsqu’il entame son déclin [zawal], et elle s’effectue généralement au début de cet intervalle. Le moment venu, l’imam fait son entrée et commence directement la prière sans adhan ni iqama (appels à la prière). Il dirige alors la prière composée de deux rak’as avec pour spécificité le fait de formuler douze takbir (Allahou Akbar) au total, sept au début de la première rak’a et cinq dans la seconde. C’est ainsi que le Prophète (paix et salut sur lui) accomplissait cette prière.

Ce n’est qu’une fois la prière accomplie que l’imam prononce son prêche, qui fait partie intégrante de la cérémonie. Malheureusement, beaucoup négligent l’importance de cette tradition et s’empressent de quitter les lieux une fois la prière terminée.

L’imam Malik précise pourtant à ce sujet, dans son Mouwatta, que nos prédécesseurs accordaient une grande importance au prêche et ne se levaient jamais avant que l’imam n’ait terminé. Pour ceux qui seraient contraints de se retirer avant le sermon de l’imam, il est demandé de le faire dans la plus grande discrétion pour ne pas perturber son déroulement.

Lorsque la célébration est terminée, les croyants peuvent alors exprimer leur joie les uns envers les autres en se saluant et en se souhaitant bonne fête. À cette occasion, les compagnons avaient l’habitude de prier les uns pour les autres en demandant à Allah d’accepter leurs œuvres et de pardonner leurs fautes.

L’Aïd al fitr est un jour de pardon et de réconciliation. Il y est fortement recommandé de renouer les liens de parenté, de demander pardon à ses proches, et de pardonner à tous ceux qui nous auraient fait du tort. Aussi, la célébration de cette fête ne doit pas s’arrêter à l’accomplissement de la prière. C’est l’occasion de partager le repas avec sa famille, voire même avec ses voisins de quelque confession qu’ils soient, d’offrir des cadeaux aux enfants, et pourquoi pas d’organiser pour eux des jeux et des activités spéciales afin de leur faire aimer ce jour. Le Prophète (paix et salut sur lui) lui-même avait autorisé les chants et les danses traditionnelles des abyssiniens au sein de sa mosquée, pour distraire les gens, parmi lesquels sa femme Aïcha, le jour de l‘Aïd.

Enfin, une fois le jour de la fête passé, le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) nous rappelle que ‘celui qui a jeûné le mois de Ramadan puis l’a fait suivre de six jours de Shawwal (le mois suivant Ramadan), c’est comme s’il avait jeûné tout le temps’ [Mouslim]. Pour celui qui souhaite bénéficier de cette récompense, il est possible d’accomplir ces jours de jeûne durant tout le mois de Shawwal, de façon continue ou séparée sans aucune contrainte.

Que Dieu accepte nos œuvres et les vôtres, et qu’Il nous pardonne ainsi qu’à vous ! Amine.


Rubrique: Le culte