14:16 - Jeudi 28 mars, 2024

- 18. Ramaḍān 1445

Abou Bakr le Véridique 2ème partie


Allah le Très Haut dit : « Qui vint avec la vérité et qui crut en elle sont certes parmi les pieux… » [39;33]. ‘Ali Ibn Abi Taleb interprétait ce verset en disant : « Mohammad (paix et salut sur lui) est venu avec la vérité et c’est Abou Bakr qui crut en lui » [Tafsir Al Tabari], rappelant ainsi la prééminence de ce grand compagnon dont nous avons abordé le mois dernier la vie à La Mecque avant et après la Révélation.

Durant l’émigration Abou Bakr va à nouveau pouvoir manifester son courage, n’hésitant pas à mettre plusieurs fois sa propre vie en danger pour protéger celle du Prophète (paix et salut sur lui). Il confessera même à ce dernier : « Qu’importe si je meurs car je ne suis qu’un homme ordinaire, tandis que si tu venais à mourir, ce serait alors cette religion qui disparaîtrait avec toi ». Arrivé à Médine, notre compagnon reprendra son activité commerciale et reconstruira rapidement son capital. Pour autant, son travail ne l’a jamais détourné de la pratique de la prière, de l’acquisition du savoir ou de l’enseignement. Au contraire, Abou Bakr tirait avantage et force de sa compétence dans le commerce. Celle-ci lui garantissait indépendance et lui permettait de se rapprocher davantage de Dieu en dépensant ses biens dans les projets les plus utiles à la société croyante.

Abou Bakr veillait par ailleurs à diversifier au maximum ses bonnes œuvres afin que celles-ci soient les plus complètes possible. Ainsi, rapporte-t-on qu’un jour à l’issue d’une prière, l’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui)(paix et salut sur lui)demanda qui parmi ses compagnons avait formulé l’intention de jeûner durant la journée. Seul Abou Bakr répondit positivement. Le Prophète (paix et salut sur lui) demanda ensuite qui avait nourri un pauvre ? Qui avait visité un malade ? Qui avait accompagné un cortège funèbre ? Et à chaque fois, Abou Bakr répondait par l’affirmative. Le Prophète (paix et salut sur lui) dit alors : « Un individu ne peut pratiquer à la fois tout cela sans entrer au Paradis » [Mouslim]. Une autre fois, le Prophète (paix et salut sur lui) évoqua les portes du Paradis, celle par laquelle entreront les dévots priant beaucoup, celle par laquelle entreront les dévots jeûnant beaucoup, etc… Abou Bakr demanda alors s’il était possible qu’un homme ait le choix d’accéder au Paradis par toutes ces portes, le Prophète (paix et salut sur lui) lui répondit : « Oui, et je pense bien que tu en seras » [Al Boukhari & Mouslim]. Abou Bakr ne négligeait en effet aucune action.

Lorsque sa dernière maladie l’empêcha de diriger la prière, le Prophète (paix et salut sur lui) exigea qu’Abou Bakr, et personne d’autre, le remplace. Comment en serait-il autrement, alors qu’Abou Bakr est celui au sujet duquel le Prophète (paix et salut sur lui) dit : « J’ai pu rendre la pareille à toute personne m’ayant rendu service, sauf Abou Bakr. Je n’ai pu le faire. Je laisse à Dieu le soin de le rétribuer comme il se doit le Jour de la Résurrection. Nul n’a été aussi utile pour l’Islam qu’Abou Bakr. S’il m’était possible de prendre un meilleur ami, il serait alors mon meilleur ami. Il est cependant mon ami et compagnon » [Al Tirmidhi, Sahih]. Lorsqu’on demanda au Prophète (paix et salut sur lui) qui il aimait le plus, il évoqua son épouse Aïcha, avant de préciser que parmi les hommes, c’est le père de cette dernière qui lui était le plus cher [Al Boukhari & Mouslim]. Bien que doté d’une grande sensibilité, incapable qu’il était de retenir ses larmes lorsqu’il récitait les Paroles du Très Haut, Abou Bakr demeurait avant tout un homme de foi et de raison. Dans la vie quotidienne, il ne se laissait guère déborder par son émotion. Cela se manifesta notamment lorsque mourut le Messager (paix et salut sur lui), qu’il aimait pourtant plus que tout. Il sut comment réagir et comprit l’impératif de lui désigner un successeur pour gouverner la jeune – et encore fragile – communauté. Les compagnons, chefs de tribus, représentants des Mouhajiroun et des Ansars, furent unanimes pour désigner celui qui eut l’honneur d’accompagner le Prophète (paix et salut sur lui) dans toutes les situations et aussi de le remplacer pour diriger la prière en commun. Ali et Fatima lui prêtèrent également allégeance comme nous l’avons déjà signalé.

Le « règne » d’Abou Bakr – qu’il conviendrait plutôt d’appeler « mission », tant on est loin des fastes des rois – durera deux ans et demi, soit le laps de temps qui séparait sa naissance de celle de l’Envoyé d’Allah (paix et salut sur lui). Sa gouvernance fut caractérisée par la justice et l’équité. Abou Bakr sut prendre très vite les décisions qui s’imposaient pour affirmer l’autorité du nouvel État, et surtout pour préserver la religion, n’hésitant pas à faire preuve d’une certaine fermeté.

Abou Bakr sur le conseil d’Omar, et bien que quelque peu hésitant au prime abord, lança le projet de compilation du Coran, dont il confia la responsabilité à Zayd Ibn Thabit, le scribe du Prophète (paix et salut sur lui) et lui-même mémorisateur du Coran. Cette idée géniale lancée moins de deux ans après l’interruption de la Révélation permit la sauvegarde du Coran tel que nous le connaissons aujourd’hui ! Nous avons déjà abordé ce sujet en détail et invitons les lecteurs à se référer à nos publications sur le sujet (Cf. Histoire Musulmane & Sciences Coraniques).

On dit qu’au moment de l’investiture d’Abou Bakr, une dame âgée, qu’il avait l’habitude d’aider, se lamenta en demandant qui désormais l’aiderait ! Et notre compagnon de la rassurer en lui promettant qu’il continuerait de l’assister dans ses tâches quotidiennes. Jamais sa responsabilité de chef d’état ne le détourna de sa modestie, de son ascétisme, de ses lectures nocturnes du Coran.

Abou Bakr mourut à l’âge de 63 ans comme le Prophète (paix et salut sur lui) auprès duquel il eut l’honneur d’être enterré.

Que Dieu l’élève davantage et accroisse sa récompense.

رضي الله عنه وأرضاه


Rubrique: Les Compagnons