3:05 - Mardi 30 avril, 2024

- 21. Shawwāl 1445

Abou-al-Hassan Al Nadwi (1914-1999)


Savant et grand prédicateur, Al Nadwi a œuvré toute sa vie à transmettre un message fidèle aux principes de l’Islam et adapté aux besoins de son temps. Né en 1914 dans le nord de l’Inde, il est le fils d’un éminent savant et historien Indien Abd al Hayy al Hasanî. Sa mère, une femme pieuse, lui enseigna le Coran dès son plus jeune âge et veilla à son éducation. Âgé de 10 ans, il commença son apprentissage de la langue arabe dans laquelle il finit par se spécialiser. Sa connaissance de l’urdu, du persan et son apprentissage de l’anglais lui permirent d’exceller dans la prédication en s’adressant à ses contemporains dans un style riche et clair. Il put aussi acquérir une vaste connaissance lui permettant de mieux appréhender les problèmes de son temps. Sa jeunesse fut marquée par de nombreux voyages à travers l’Inde en vue de recevoir la science des plus grands savants. Et’ celui qui emprunte une voie en vue d’acquérir une science Dieu lui facilitera une voie vers le Paradis(Abou Dawoud, Tirmidhi).

A 20 ans, il fut nommé professeur à l’institut Nadwat’ al ‘Ulama pour y enseigner l’exégèse du Coran, le hadith, la littérature et l’histoire arabe. Il entreprit également de nombreuses rencontres à travers le pays afin d’appeler à Dieu et de tisser des liens forts avec tous ceux qui oeuvraient pour l’Islam. Il participa ainsi aux débuts du mouvement ‘tabligh’, au côté du grand prédicateur Cheikh Muhammed Ilyes et devint peu à peu une personnalité incontournable de l’Inde. En 1947 il  voyagea pour la première fois hors de son pays pour accomplir le pèlerinage. De nombreux voyages à travers le monde s’en suivirent (Egypte, Syrie, Soudan, Palestine, Europe…) Il rencontrait les plus grands savants, donnait des conférences et appelait à Allah. Homme de lettres et auteur prolifique, il était toujours accompagné de sa plume pour décrire ses rencontres et orienter les musulmans. Sayyid Qutb commenta l’un de ses épîtres en disant : j’ai lu ’Écoute ô Égypte’, si seulement l’Égypte écoutait

Al Nadwi œuvrait aussi sans cesse à la fraternité entre les musulmans, il disait de lui-même’ par la Grâce d’Allah, j’ai des liens avec des gens de différentes écoles de pensée’. Bien qu’ayant ses propres opinions, il faisait preuve de tolérance et d’ouverture de cœur vis-à-vis de ceux qui pouvaient avoir un avis différent, dès l’instant où la divergence était admise. Il était par exemple lié d’amitié avec Cheikh Ibn Baz qui l’invita à Médine en 1963 pour donner des conférences et côtoya aussi des disciples de Cheikh Hassan al Banna qu’il regrettait de ne pas avoir connu.

Il dénonçait les polémiques stériles qui favorisent l’animosité, rappelant la parole de Dieu ‘les croyants ne sont que des frères. Établissez la concorde entre vos frères…(49,10). Et le Prophète - paix et salut sur lui – de demander à ses compagnons : voulez-vous que je vous indique ce qui est meilleur que le jeûne, la prière et l’aumône (surérogatoires), ils dirent ‘ bien sûr’, il dit : réconcilier entre deux [personnes] qui se sont disputées car la détérioration des liens qui vous unissent est telle une coiffeuse, sauf qu’au lieu de couper vos cheveux, elle coupe  votre religion. (Abou Dawoud, Al Tirmidhi).

Décrivant la décadence de la communauté, Al Nadwi écrivit : ’et ils s’occupèrent ces derniers temps à polémiquer et à chercher à déclarer d’autres savants d’égarés. Ils se mirent alors à combattre là où il n’y avait pas de combat à mener’ (Al-qirâ’at ur-râshida). Aspirant au respect mutuel, il donnait l’exemple de Nadwat el Ulama : ’ Nadwat ul-’ulamâ’ a fait oublier les querelles et les motifs de sectarisme qui existaient entre les gens de différentes écoles et tendances juridiques : hanafites, shafi’ites et ahl-i-hadîth. Sur ce point Nadwa a complètement réussi : on ne ressent pas dans ses locaux l’odeur du tiraillement et de l’animosité à propos de jurisprudence’ (idem). Pour Abou al Hasan, trois points étaient essentiels pour l’émergence d’une génération musulmane capable de relever les défis de son temps : un enseignement religieux adapté aux besoins de l’époque, une présentation de l’Islam dans un langage clair et qui soit attrayant pour les cœurs et une réflexion juridique à propos de nouvelles questions.

De nombreux prix honorifiques  lui furent attribués en reconnaissance pour ses efforts dans la voie d’Allah – le gouvernement fédéral indien lui proposa d’ailleurs une médaille nationale qu’il déclina par humilité – et après une vie pleine de bonnes œuvres et d’exhortations, il fut rappelé à son Seigneur le vendredi 22 du mois de Ramadan 1420.

Qu’Allah lui fasse miséricorde et le mette sous Son ombre le jour où il n’y aura d’ombre que la Sienne !


Rubrique: Biographies